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Ministre de la Catégorisation sociale, de la Jeunesse, de la Mode et de la Kronenbourg
De son enfance, peu de souvenirs subsistent hormis deux traumatismes qui fondèrent son profond mépris à l’égard de ce bas monde. D’abord, la mort tragique de son lapin prénommé Biscotte alors qu’elle n’avait que 6 ans l’amena a faire une croix définitive sur la religion. Ensuite, l’insistance avec laquelle ses sœurs l’arnaquèrent au Monopoly, profitant de sa candeur juvénile et de sa méconnaissance des chiffres, engendra chez l’enfant le sentiment de l’injustice et l’idée que décidément on ne peut se fier à personne. En conséquence, la Ministre fut tiraillée sans cesse entre deux positions de principe : faut-il accepter l’existence des bas instincts humains et s’en repaître en sombrant du côté obscur de la Kronenbourg ou tenter éventuellement de transformer le monde ? C’est d’abord cette modeste deuxième solution que la ministre choisit en fondant le projet d’un rachat de l’espèce humaine par la culture du corps. Elle testa d’abord sur elle même ce vaste dessein : la danse, la natation, le yosekan-budo et le petit poney furent autant d’activités mises au service de son ascèse. Elle songea alors à prendre un pseudonyme, Jinger, et à devenir prof de fitness dans un riant complexe commercial jouxtant Mc Donald et Ikea mais sa destinée en décida autrement. Elle préféra se consacrer à de longues études, la préservant de rentrer sur le marché du travail avant 32 ans. Cette décision engendra une fréquentation de plus en plus assidue des bars et assimilés ainsi que la pratique coutumière du fumage de clopes. Rompant avec ses idéaux, la Ministre traversa en conséquence une sombre période interrompue bien heureusement par sa rencontre avec le Grand Chef au cours d’une des réceptions majestueuses orchestrées par le Ministre du Goûter. C’est à cette occasion qu’elle se fit nommer Ministre de la Jeunesse et des Sports, promouvant les valeurs de transpiration, d’effort et de souffrance tout en se réservant le droit de s’exclure de toute activité accélérant par trop le rythme cardiaque. En accord avec ces principes, des camps spécifiques d’entraînement dans les montagnes pyrénéennes du Népal furent ainsi ouverts pour que le peuple éprouve ses limites lors de grandes manifestations estivales, destinées à l’expiation des fautes qu’un mode de vie urbain déviant occasionne. A 23 ans aujourd’hui, la Ministre entend reprendre en mains son ministère qu’elle avait certes quelque peu délaissé, en lançant un grand projet populaire et alternatif à « Paris 2012 », j’ai nommé le « Lucio1664 », sorte de grand marathon de la bière, fédérateur et amusant qui saura sûrement distraire le gouvernement et ses sujets pendant quelques semaines.
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Les Gens Importants
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