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Petit plaidoyer pour un grand oui

Par Grand Architecte , le vendredi 27 mai 2005.

Je ne savais pas en déclarant 2005 « année du pragmatisme » que j’aurai à faire autant d’efforts pour vous convaincre d’approuver le Traité établissant une constitution pour l’Europe. Car si, pour la deuxieme année maintenant, je donne à mon thème annuel une dimension très égocentrique, cela prend aujourd’hui pour moi une dimension collective. Je ne pensais pas de votre part rencontrer tant de réticences quant à la ratification d’un traité dont on parle tant, et dont on parle mal.

Je ne vous cacherai pas que je me suis bien désintéressé du sujet jusqu’à il y a quelques semaines. Non pas parce que ce Oui était évident et mon vote « mécanique ». J’ai hésité, comme d’autres hésitent encore, car je peinais à y apposer un symbole fort. Je ne sais pas en revanche si je vais prononcer un Oui de gauche ou un Oui de droite. La question n’est pas là. Arrêtons de penser que plus nous mettrons la barre à gauche, en nous réfugiant vers l’extême, et plus nous aurons du social. C’est faux. Le traité pose la question d’un équilibre.

Ce que révèle le débat en France m’inquiète. Il y a, je suis d’accord, un matraquage pour le Oui, sans jamais rappeler comment l’Europe s’est construite. Osons le dire : l’Europe jusqu’à présent n’est qu’économique. Souvenons-nous : en 1954, la France refuse face à ses cinq partenaires la Communauté Européenne de Défense, nécessaire pour apporter une nouvelle impulsion politique à la construction européenne. Affaiblie, elle est écartée des négociations qui nous conduirons en 1957 au Traité de Rome... un traité économique.

Le débat actuel, tourné vers des préccupations hexagonales, n’évoque ni projet ni cadre, deux termes qui, à moi, me parlent. Car ils vont au-delà de la critique que l’on pourrait faire de cette constitution. Bien sûr qu’elle n’est pas parfaite mais la constitution de la Vè République l’est-elle ? Oui elle met l’accent sur l’économique, mais pour la première fois en proposant des outils sociaux. Oui elle est consensuelle, mais un consensus pour combien d’habitants, de pays, de religions, de langues parlées ? Pourquoi vouloir à tout prix défendre un modèle francais qui désinsère (12% de chômage) et qui échoue (20% des francais sont considérés comme vivant dans une situation de précarité) ?

La Confédération européenne des syndicats dans son ensemble -à l’exception des deux syndicats français F.O. et la CGT- les partis socialistes et les partis verts d’Europe soutiennent ce traité. Seraient-ils devenus subitement ultra libéralistes ?

Ne jugeons pas une politique nationale sur ce referundum. Ne tenons pas responsable Bruxelles lorsque Paris échoue. Le projet européen est ambitieux, et comme tout projet ambitieux, les enjeux sont difficiles à percevoir et les résultats ne peuvent pas être palpables immédiatement. Ayons une vision à long terme et continuons ce projet. Ne cassons pas la dynamique européenne. Ne minimisons pas les progrès que ce traité apporte en termes de protections sociales et d’égalité. Ou en est-on de l’égalité hommes-femmes en France ? Ne minimisons pas non plus le pari fou qu’a représenté ce projet à ses débuts : quelle réussite d’avoir exclu la guerre de tout le processus de construction européenne, en marche depuis 60 ans. La paix nous semble aujourd’hui être une évidence mais l’entreprise était risquée, ambitieuse, demandait engagement et patience. Continuons à relever ce défi.

Avec cette constitution, réfléchissons à quelle Europe nous voulons. Comment la bousculer, la fassoner, pour qu’une communauté de 25 pays, et bientôt plus, ne fasse pas « animal à trois pattes », mais Union ayant une véritable identité sur la scène internationale. Face à la montée de la Chine, face aux Etats-Unis, qui ne soutiennent pas ce traité. Pour dynamiser cette Europe il nous faudra renforcer son cadre. Un cadre que vous trouvez bancal. Mais l’occasion nous est donnée maintenant de le renforcer ! En vous isolant, vous croyez briller. Mais comment envisagez-vous de défendre une France affaiblie face à une mondialisation en marche. Votons ce traité et renforcons son cadre. Un cadre pour un libéralisme contrôlé, un cadre pour la défense de droits sociaux, un cadre contre la haine et l’humiliation. Un cadre qui permette à chacun de vivre ses projets. Il ne tiendra qu’à vous, à l’avenir, de porter toutes ces revendications au sein d’une Europe dont vous devez accepter dimanche qu’elle avance avec les autres, et non en marge. Car en marge, la France n’avancera pas. Pour se faire entendre dès le 30 mai, elle doit continuer à porter le projet européen dont elle a été, consensuellement avec d’autres Etats, l’instigatrice.

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Débattons ! des bâtons !