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Les premiers siècles d’art en Luciocratie
De tous temps, en tous lieux et à l’aube du 9e millénaire, l’art a rythmé la vie culturelle de Luciocracité. Il y eut naturellement des épisodes plus ou moins glorieux, des artistes plus ou moins respectables... Néanmoins il est flagrant que l’art luciocrate a toujours ridiculisé par sa supériorité toutes les minables tentatives des autres peuples. L’art n’a-t-il pas été une des armes du Grand Chef dans sa conquête du monde, prouvant aux petits chefs des autres contrées l’avancée de la civilisation luciocrate ? Rappelons l’hilarité du Grand Chef quand il découvrit lors de ses conquêtes que les fiers Lutéciens portaient aux nues un artiste aussi médiocre que les premiers "artistes" luciocrates, un certain Picasso tout aussi incapable de représenter dignement un visage humain... Ce manuel, le premier du genre, se veut avant tout un ouvrage de référence rappelant les principaux épisodes de l’art luciocrate. Il est incomplet. C’est la première pierre d’un édifice qui exigera du temps, de la rigueur et de la passion. Mais qu’est-ce que quelques milliers d’années de recherche comparées au ravissement que fait naître la contemplation d’un portrait du Grand Chef ? Le temps est suspendu, l’espace est infini, l’émotion est pure. • Les balbutiements du culte de la personnalité Des lettres retrouvées récemment dans les archives du Palais du Grand Chef ont montré que dès la mise en place de la luciocratie, le peuple a tenté de s’accorder les faveurs du Grand Chef en le flattant visuellement. Les quelques malheureux qui s’engagèrent dans cette voie furent néanmoins longtemps incapables de proposer une image du Grand Chef fidèle au réel et ils payèrent de leur vie leur outrecuidance. D’un point de vue purement formel, il semble que les premières tentatives stylistiques de représentation du Grand Chef aient été marquées par l’incapacité à rendre la majesté de ses traits complexes. Les premiers - appelés dans un coup de colère dictatorial des "Picriants" - étaient si mauvais qu’ils n’appréhendaient le réel que sous l’angle dur de la géométrie, camouflant la grossièreté de leur gestuelle par des couleurs criardes censées éblouir le Grand Chef. Malgré ce premier échec, quelques fainéants engendrés par la masse informe du peuple tentèrent quelques siècles plus tard de renouveler l’expérience. Dans une ignorance quasi aveugle, ils se lancèrent dans l’aventure, dans l’espoir de s’attirer les bonnes grâces du Grand Chef. S’imaginant une vie plus douce s’ils réussissaient à relever le défi, ils préférèrent faire la sourde oreille aux mises en garde de leurs aïeux, seuls conscients du danger qu’ils encouraient. Connaissant les raisons de l’échec de leurs prédécesseurs, ils tombèrent dans l’excès inverse : ils s’appliquèrent à arrondir tous les traits du visage céleste du Grand Chef, jusqu’à le déformer outrageusement. Devenus des virtuoses de la courbe, ils percevaient le réel sous cet angle unique. Obsédés par les vagues, les nuages, les flammes, leur cerveau déjà hypertrophié était incapable de formuler le moindre jugement critique face à leurs réalisations. Leurs proches, conscients du caractère tout à fait gauche de leurs dessins, tentèrent de les dissuader de les présenter au Grand Chef. En vain. Le 4 décembre 413, un cri retentit dans le Palais de sa Majesté : « Puisqu’ils aiment les flammes, je vais leur en donner ! ». Dès le lendemain, un bûcher fut installé en place publique. Le froid aidant, le peuple se réjouit de cette initiative. Ce fut la fin des « Molassons ». L’aventure de l’art exige des sacrifices, les Luciocratiens en étaient conscients. Quelque peu refroidis par ces premières expériences peu convaincantes, ils attendirent quelques siècles avant de se lancer dans une nouvelle forme de représentation du Grand Chef. Ayant compris, malgré leurs cerveaux chétifs, que la fidélité au réel était fondamentale, ils s’exercèrent pendant de longues années à dessiner du mieux possible les traits de leur Guide. Mais les apparitions de ce dernier étaient trop rares et trop courtes pour qu’ils puissent réaliser une esquisse noble de ses traits. La route fut longue et douloureuse. Beaucoup trouvèrent la mort avant de trouver un semblant de solution. L’an 1000 fut métaphysique.
Quelques Luciocratiens ayant réussi à s’attirer, par de vils moyens, les faveurs du Grand Chef jouissaient paisiblement de leurs privilèges à proximité du Palais. Mais luxe, calme et volupté n’arrivaient plus à satisfaire l’un deux, appelé William de Clokiko. Désœuvré, il choisit de s’écouter penser plutôt que de se regarder le nombril comme chacun de ses compatriotes. Il fut ainsi le premier à oser se poser des questions non pragmatiques après le Grand Chef.
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