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Premier vernissage parisien de la rentrée : Noël Dolla
Fallait pas l’inviter...
Par Tatin taquine , le vendredi 9 septembre 2005.

Noël Dolla, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, c’est un peintre niçois qui a connu son heure de gloire à la fin des années 60 avec ses petits amis du groupe Support-Surface (Viallat, Dezeuze, Pincemin, etc.). L’histoire de ces artistes est celle d’un fabuleux grand écart qui rappelle les grandes heures de la Guerre Froide : leurs ambitions artistiques sont inspirées par les Etats-Unis ; leurs ambitions idéologiques par la Chine. Ces jeunes artistes veulent en effet libérer la peinture du traditionnel tableau : ils travaillent sur de nouveaux supports et de nouvelles surfaces, tout en restant dans le domaine de l’abstraction. Et dans cette dynamique, ils se tournent vers les Etats-Unis : ils savent que l’histoire de l’art contemporaine s’écrit là-bas, et ils ont raison. Mais en même temps, un vent de révolte souffle dans le milieu intellectuel et artistique. Un bon peintre est un peintre maoïste. Et ils en sont convaincus : ils se réclament d’une peinture engagée qui combat la tradition bourgeoise, le capitalisme, etc. Mais à l’heure des grands combats, les peintres figuratifs se moquent d’eux : comment une peinture abstraite peut-elle conduire la révolution ?

(JPEG) Alors que Noël Dolla s’apprête à fêter ses 60 ans, il présente actuellement à la Galerie des Filles du Calvaire la première partie d’une exposition en deux volets intitulée Soleil voilé. 1ère réaction : déception. Les grandes toiles abstraites sont, à mes yeux, laides. L’espace est mal construit, et quand dans quelques œuvres un bel équilibre arrive à s’en échapper, le jeu des couleurs anéantit tout. C’est fade, grossier, sans aucun génie. Une seule œuvre attire mon regard plus de 3 secondes : des aquarelles sur papier. Des formes "<" et ">" aux séduisants tons pastels sont disséminées sur la feuille. Un trait de pastel noir s’étire : s’agit-il d’une écriture ? Je m’approche encore et j’arrive à déchiffrer : PUTE. Plus loin : CON, SALOPE, PUTE. 2e réaction : profond agacement. D’accord je me suis faite avoir. J’aurais pu prendre ça avec le sourire. Mais j’ai trouvé ça tellement facile et sans intérêt... d’autant plus de la part d’un artiste sexagénaire reconnu. Toujours curieuse, je jette un œil sur le titre de l’œuvre : "9 Haïku, grossiers et aquarellés". Oser appeler ça de la poésie ! Dans ce cas, tout homme atteint du syndrome de Tourette est un poète qui s’ignore. C’est sûr, c’est une manière de poétiser le quotidien...

Arrivée à ce stade, tout m’a déplu et énervé. En bonne historienne de l’art, je m’empare tout de même à la sortie du texte présentant l’exposition. En général c’est affligeant. De l’intellectualisme pseudo littéraire. Mais qui sait, le message fort et puissant qui sous-tend l’exposition m’a peut-être échappé ? A la lecture de ce tissu inepte, 3e réaction : fureur. A vous de juger, voici les deux derniers paragraphes - des citations de l’artiste en personne :

Noël Dolla dit "NON à la reproduction mécanique, NON à la multiplication des Petits peints [hilarité générale devant ce fameux jeu de mots]. NON au profit immédiat. Non à la surproductivité. Merde au PIB. Il faut avoir la volonté de peindre pour que demain une jeune fille, un petit garçon, un vieil homme [attention, sortez les mouchoirs] puissent encore s’émerveiller devant une œuvre d’art vieille de plusieurs dizaines ou centaines d’années".

"Mort aux clowns de l’art, à mort les rois du clonage, les chantres de la productivité. L’art doit être pensé et réalisé totalement à l’inverse du courant postmoderne. (...) Aujourd’hui Fidel Castro, quelques autres et moi nous passons pour des ringards mais nous savons bien nous que nous avons raison."

Sachez combien il est douloureux pour moi d’écrire un tel article... Je continue à croire qu’on peut concilier souci du beau et volonté d’engagement. Mais là, j’ai envie de vomir. Noël Dolla n’est pas ringard parce qu’il défend ses idéaux politiques : il est ringard parce qu’il peint de la m... Point final.

N’y allez pas. Si malgré tout vous souhaitez développer votre sens critique : Les Filles du Calvaire, 17 rue les Filles du Calvaire, 75003 Paris ; du mardi au samedi de 11h à 18h30. Sinon, www.fillesducalvaire.com

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