Où kon est ? > 2011 Année des sonzes > Actions - Réaction |
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Les gens
Vous êtes-vous senti parfois, dans le métro tôt le matin, alors que votre cerveau flotte au gré des oscillations de la rame, alors que vos yeux papillonnent doucement et que se mélangent les lignes du journal, vous êtes-vous déjà senti brusquement réveillé par un accès de haine misanthrope ? Depuis quelque temps en effet, le nasillement du haut-parleur de la ligne 13 vient titiller ma somnolence aux abords d’Invalides, en faisant résonner dans les vides matinaux de mon crâne les deux mêmes mots sybillins : "portes palières". Longtemps dans ma rêverie je murmure cette pétillante allitération. Longtemps je psalmodie l’installation mystérieuse des portes palières, j’étire en moi toutes les virtualités de portes palières, je les soupèse, je les goûte. De cahot en cahot les concepts s’entrechoquent et se mêlent, brouillent les images, et bientôt surgit l’idée même de Porte Palière : Porte ouverte sur l’infini de la fin des mondes, elle enjambe le rien de l’au-delà, mais elle est Palière. Avant la Chute, le palier du sursis, le palier de l’inattendu, le palier - l’espalier peut-être, où grimper encore ? Porte palière, porte palière, comment t’oublier ? "En raison de l’installation de portes palières, prenez garde à l’ouverture automatique des portes à la station Invalides". Et bien sûr, à Invalides, quelques secondes après l’annonce, il y a toujours quelques cons pour appuyer frénétiquement sur le bouton de la porte. Métaphore amère de l’enseignement ? |
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