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Mallet-Stevens à Beaubourg

Par Grand Architecte , le lundi 11 juillet 2005.

Parce que la Luciocratie respecte les temps de paroles, Le Grand Architecte aussi témoigne de l’expo Mallet-Stevens à Beaubourg. Attention, c’est le début d’une rubrique d’accord/pas d’accord, et donc d’un débat. Ouhhh.

Tout d’abord, chère Tatin (et tous les intéressés) pas de panique. J’irais la revoir avec plaisir... C’était un tour d’échauffement avant le grand soir. L’expo est intéressante parce que riche de supports. Dans une scénographie classique, chronologique, accompagnée de cartels tout droit sortis de la charte graphique beaubourgeoise (mais on ne peut pas toujours avoir du Nouvel) cohabitent photos, dessins, maquettes de ses villas les plus connues, plusieurs films (dont un reportage très amusant sur l’expo universelle de 37 à Paris : un peu de nostalgie journalistique ; autrefois, quant on parlait d’architecture, c’était intéressant...), mais aussi du mobilier en chair et en os.

D’accord avec le Grand Chef : même étonnement sur cette Cité Moderne. Mallet-Stevens dessine seulement des façades de bâtiments sans jamais montrer ni leurs espaces intérieurs ni la ville alentour. Ca rappellera 80 ans plus tard le projet Luciocracité, les volumes capables et l’expérience spatiale d’un autre Grand Architecte. Un graphisme simple pour Mallet-Stevens. Noir et blanc, format A3 ou presque, au trait, et parfois une couleur pour un détail. Parce que dans les années 20, Robert en dessine encore, alors que Corbu l’a assassiné. Et on le remarque dans les villas à venir. Le luxe, chez le premier, s’exprime dans la rondeur des toitures (très rustiques), dans la complexité des volumes entre eux, dans une modénature bourgeoise, dans les grands panneaux de verre qui s’opposent aux dalles en pavés de verre (Villa Noailles), là où Le Corbusier cherche la pureté des volumes avec acharnement et l’abstraction de son plan. Pourtant chez les deux, l’architecture se compose, et on travaille à la monumentalité.

Mallet-Stevens vs. Le Corbusier. La comparaison ne m’a pas quitté un instant. Les deux couvrent une même période, mais les ambitions perso divergent radicalement. On savait Le Corbusier requin omniscient. Et bien, Mallet-Stevens c’était pas trop ça. Les commandes de villas dans les années 20, c’était son truc... que la crise de 29 achèvera, à une époque où il aplanissait progressivement ses toitures. Au revoir les riches. Il se lance alors dans des grands concours, qu’il perd souvent, le changement d’échelle n’est pas facile. Pourtant, La Maison de la Radio, Le Musée de la République (dans Chaillot), La Maison du Tabac et des Allumettes, Le Pavillon de l’Hygiène et celui du Café du Brésil (dans le cadre de l’expo universelle) renferment des espaces plutôt travaillés. Mention spéciale pour un beau concours, hélas perdu : le Grand Stade, quai de Passy, face à la Seine et ouvert sur la Seine (ce que manquera Perrault avec sa TGB). Bref, une architecture moins dirigiste avec, de temps en temps, un joli degré de provocation.

Enfin, à propos de la technique, je dirai qu’elle est présente dans l’exposition. Non pas dans les maisons (ce ne serait pas très intéressant aujourd’hui), mais dans le mobilier, où la précision est quasi-chirurgicale. Lampes, chaises, cabines de bateaux mais surtout les bureaux. Ah les bureaux ! Bois vernis ou laqué. Du métal. Des vis. Des boulons. Ca coulisse, ça pivote. C’est complexe et c’est simple en même temps. J’adooooore.

L’expo n’a pas changé, elle est toujours à Beaubourg, et ce jusqu’au 29 août. Tant que vous y êtes, jetez un œil sur le nouvel accrochage du 5è étage, thématique, qui offre davantage de place à l’architecture des 40 dernières années.

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