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Le Triomphe de Saint-Cyr
Tribune rouge, vous dites ? C’est par ici, voyez les bancs bleus.
Par Guernaoueb , le mercredi 7 septembre 2005.

Chaque année, à CoëtQuidan, se tient la grande fête de l’école de St Cyr : c’est l’occasion pour les nouveaux officiers [1] de célébrer leur nouveau grade. La famille est cordialement invitée et tout le monde tient son petit programme distribué en gare de Rennes à la main.

Ainsi donc : après l’office du matin [2], l’heure est aux démonstrations militaires. Parachutes, hélicoptères : ça vole et ça crépite. A la tombée de la nuit, débute officiellement la remise des galons des nouveaux officiers, qui s’achève enfin sur un grand bal.
Voilà pour le programme officiel et cela s’appelle la Cérémonie du Triomphe (en savoir + : voir encadré).

Personnellement, je ne suis venue assister qu’à la remise des galons. Car voici bien le grand moment pour les jeunes recrues. Et Bonobo et moi avions la nôtre [3]

Comment y aller ? En train, pour commencer. C’est l’occasion de voir en gare de Rennes, le terminus, les wagons déverser leurs flots de dames chapeautées et leurs rangées d’enfants à la mèche domptée (dixit Bonobo, comprenez qu’une couette et un chat blanc me séquestraient). Poursuivre par le katkat, en prenant soin d’avaler au passage une pizza rondelette en 7 minutes 36 chrono (exercice de militaire). Le reste est pris en charge manu militari : à Coët Quidan on se gare et on suit. Des rangs serrés d’autocars camouflage nous attendent pour nous conduire sur le lieu de la rave party (une vaste piste et des gradins). Comme au théâtre, on nous place : munis d’un ticket Tribune rouge, nous sommes tout naturellement invités à nous diriger sur les petits blancs bleus.

Confort et conditions climatiques. Le doute point lorsque notre reporter constate que l’exotisme promis (lesdites rangées décroissantes de têtes bambines, les coiffes aux couleurs pastels de l’été, les jeunes filles virginales aux espoirs d’hyménée) a été remplacé par la gloire du ciré jaune et des baleines de parapluies. Bonobo me rassure et désigne d’un menton discret les tenues de bal pendues haut à bout de bras (sol boueux, ressemblance de plus au teknival) et précautionneusement emplastiquées : c’est qu’il a plu des cordes par ici.

Est-il utile de rappeler que nous sommes en Bretagne ? La pluie, c’est comme l’alcool, ça existe partout-enfin-presque-et-en-Bretagne-plus-qu’ailleurs. On écume donc son siège, on essuie avec un reste de mouchoir détrempé, et on pose le séant (ce faisant, on se fait la promesse secrète de ne plus bouger de la soirée pour éviter la désagréable sensation de la couche souillée). Un regard au-dessus de nous : le ciel est menaçant, et toujours pas de bâche. Soit, on est chez les militaires ; en 2 temps 3 mouvements le tout sera installé en cas de besoin.

Le Triomphe. Et bien non. Pas plus que la lumière surgira de nulle part pour éclairer la piste. Nous serons trempés et nous ne verrons que très mal le joli balai ordonné des uniformes. Heureusement, il reste le son : la musique des bottes d’officier et des sabres cliquetant est charmante. Et comme des promotions différentes, il y en a et qu’elles sont très fournies, que de souliers ! que de lames ! Bref, que d’occasions de réjouir ses oreilles. (bémol : ploc ploc, il pleut toujours et notre voisin fait du bruit avec son nez. Très énervant).

Chaque promotion défile avec ses traditions. Les uniformes varient, parfois un accessoire particulier (un bélier) et le chant. La remise des galons est aussi le moment du baptème de chaque promotion. Elles choisissent un nom, généralement un militaire méritant, racontent son histoire, et enfin les grosses voix graves montent et entonnent le chant. C’est le moment émotion. Faut dire qu’ils s’appliquent, et puis le parrain est présent, la famille également, et les Autorités reconnaissantes au salut. Alors son propre chant de promotion en fin d’année, forcément, ça fait effet.

Pour le reste, c’est comme à la messe. Parfois il faut se lever (parfois aussi on se trompe et les bancs verts de la tribune jaune se retrouvent découverts), parfois il faut se rasseoir (couche souillée) ; parfois les Autorités annoncent au micro qu’il est interdit de quitter l’assemblée avant le signal officiel de la cloture de la cérémonie (ploc ploc, et le bébé d’à côté qui pleure). Et comme à la messe, vu de l’extérieur, on se dit que c’est un peu longuet tout ça, maintenant qu’on a vu notre recrue.

La flemme d’aller sur le TLF . C’est quoi un Triomphe ?
Le Triomphe du tonneau était à l’origine la fête spontanée que déclenchait un tir au but (un tonneau) lors de l’entraînement au polygone de tir au canon. A partir de 1889, le Triomphe du tonneau disparaît pour devenir la fête permanente de fin d’année. Si elle conserve le nom de Triomphe, la date en est fixée à l’avance, en fin d’année scolaire. Le Triomphe coïncide désormais avec le baptême des jeunes, et son programme est de plus en plus solennel. En 1896, pour la première fois, des invités y sont admis et un bal clôt les festivités. De nos jours, le Triomphe revêt le même cérémonial qu’au XIXème siècle, et les élèves ce jour-là mettent en scène un tableau vivant commémorant le Triomphe du tonneau originel, qui donna son nom et son éclat à la plus grande fête de l’année. (source : StCyr)

(GIF) .

Fin de partie. Le signal donné, on quitte les lieux. Deux groupes : les tenues de bal emplastiquées qui vont danser, les tenues d’été non prévenues et k-way improvisés qui se bousculent pour monter au plus vite dans un car sec. Pas simple, mais nous y sommes parvenus.


Notes :

[1] Ils peuvent être saint-cyrards, ils peuvent aussi être dissidents (concours, promotion, panier garni, etc.)

[2] Les bouddhistes n’ont pas d’office. Les musulmans non plus.

[3] Qui se reconnaîtra, article très attendu. Je précise au passage qu’en l’absence de lumière décente, point de photo. Et sans photo, pas d’article. Internet ? Oui mais il a fallu ruser comme un sioux gaucher : l’armée se méfie de Google et elle a raison - on risquerait de trouver des informations. C’est comme les mises à jour des pages web, elles peuvent être dangereuses. Par conséquent la photo datera donc de 2003, afin de préserver l’anonymat des recrues de cette année.

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Bagne