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> 3615 Ma Vie

Au Rectorat d’Versailles

Par Coin-Coin , le mardi 13 juin 2006.

Loin des médias ces derniers temps, le fils caché de Luc Ferry et néanmoins ministre de l’Oubli et de la Perte de Documents Importants (oui, je vous raconterai un jour), a passé quelques jours au coeur de la Matrice.

Moi, je suis pas un apparatchik, moi, je suis rien qu’un petit vérificateur, un bureaucrate, un gratte-papier. Enfin, pas tout à fait. Les bureaucrates, les gratte-papier ce sont plutôt les types et les filles, là-bas, au bout de la table, un peu comme nous, jeunes et sympathiques, pas l’air gratte-papier, pas l’air bureaucrate. L’air un peu débordé, surtout.

Ils ont des chaises rembourrées bleu électrique, accoudoirs, assise suspendue, sur un petit côté des tables en rectangle. Pour les trois autres côtés, contreplaqué et tubes métalliques, un petit renfoncement circulaire au niveau de l’assise : la chaise d’écolier assure sans plier sa lombalgie au syndicaliste assis là quatre heures de suite. Mais chez ces gens-là, Monsieur, on a le sens de la hiérarchie.

Moi je suis pas un apparatchik, moi, je suis rien qu’un rouage de cette Matrice, cette Mammouthrice qui mouline chaque année des millions de barêmes, des millions de mutations, des millions de recours, des millions d’affectations. J’ai pénétré plein de terreur les entrailles désincarnées du Moloch informatique, le rouleau compresseur des désirs fonctionnaires.

La Matrice.

Elle m’a fait ingurgiter des milliers de noms et de chiffres sur d’improbables et sybillins listings, et j’ai commencé de percer sa faiblesse.

La faiblesse de la Matrice, ce sont les hommes.

Figurez-vous qu’un jour des informaticiens conçurent un programme informatique national permettant à tous les enseignants de muter.

Figurez-vous qu’un peu plus tard, un ministre de l’Education décida allègrement que les enseignants ne muteraient plus pour la France entière, mais par académies. Les informaticiens se fâchèrent, et partirent avec les clefs du programme (en très bref).

Depuis, les Shadoks pompent et font des patchs à chaque réforme de l’Education Nationale.

Chacun désormais attend l’immense bug qui bloquera intégralement les mutations des enseignants.

La Matrice à l’œuvre.

En attendant, chaque rouage de la Matrice s’enraye. Un exemple : cette année à Versailles, des collègues ont pu demander des zones administratives qui n’existent plus depuis 2001 ou 2002. Le patch n’avait pas fonctionné.

Ca, c’est ce que l’on sait au siège du syndicat, avant la commission. Ce qu’on ne sait pas, c’est la solution au problème.

Les Shadoks devraient avoir la solution, en tout cas c’est leur métier ; c’est pourquoi nous leur demandons.

Ils n’ont plus l’air débordé du tout, les Shadoks, ils ont l’air apeuré, effondré ou accablé, c’est selon.

Ils se consultent gravement et hors micro, les Shadoks aux sièges bleu électrique, puis invoquent leur Grand Chef Shadok par shadokophone express. Un quart d’heure après tombe la réponse, en général anticipée dix minutes auparavant par un expert du syndicat gibi.

Ainsi vont les commissions. Le sous-chef Shadok qui n’y connaît rien se contente de lire les listings de ses subordonnés, qui connaissent bien leur travail du moment qu’il n’y a pas de problème.

Et les syndicats gibis contrôlent.

Moralité

Ainsi ai-je appris que la Matrice n’est en fait qu’une gigantesque série d’ajustements bricolés, de vérifications et contre-vérifications minutieuses, d’arrachage de cheveux et de savants dosages.

Elle n’est pas un monstre désincarné ; elle n’est qu’un vaste animal impotent, incapable d’assurer sa route sans la constante attention de dizaines d’êtres humains pour le remettre dans le droit chemin.

Vous imaginez le boulot, côté Rectorat, et côté syndicats !

Il s’agit maintenant de vérifier les affectations sur chaque poste. A la lecture des documents préparatoires, nous nous sommes aperçus que chaque poste ZEP était affecté deux fois. Une légère erreur passée inaperçue au Rectorat, qui manifestement ne lit pas les documents qu’il produit. Pour eux, ce sont quinze jours de travail à refaire. Et dix jours de retard pour les enseignants qui attendent leur mutation.

La suite de mes passionnantes aventures au prochain numéro

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