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New York Masala
L’histoire
: Naina, étudiante indienne new-yorkais,
semble depuis la mort de son père porter le poids de sa famille sur ses
épaules : une grand-mère acariâtre, une mère écrasée
de dettes, et une petite demi-sœur. Elle se concentre sur ses études
et n’a que deux amis : Sweetu, la copine boulotte, et Rohit, le célibataire
invétéré dragueur. Elle ne pense pas à l’amour... C’est alors que s’installe
juste en face de chez elle Aman, joué par la star absolue en Inde Shah
Rukh Khan. Évidemment, il tombe fou amoureux de la donzelle : il chante,
pleure et drague de façon exaspérante - mais non dénuée
de second degré - sur le thème « je suis ton ange gardien
». A force d’insister, il parvient à la faire sourire, lui
conseillant sans cesse de cueillir le jour, mais à l’indienne. On
comprend à la fin du film pourquoi il est si pressé. Je vous préviens : la fin n’est
pas comique. L’avis du spectateur
: Si vous avez prévu d’aller
au resto indien après, mauvaise idée : ça dure trois heures.
Si vous n’aimez pas le Bollywood pur jus, si votre républicanisme
s’offusque au moindre kitsch, n’y allez pas. Pour apprécier, il faut un
peu de second degré, dont les Indiens ne sont certes pas dépourvus.
Quelques scènes font bien fonctionner un honnête comique de situation
et de caractère. Mais surtout... Vous vous souviendrez des scènes
chantées et dansées, mémorables. Outre une reprise du thème-star
de Lagaan (autre Bollywood), une reprise à l’indienne de Pretty
Woman, musique mélangée, en chorégraphies roulé-boulé
avec ventres nus et biscotos indiens : tordant ! N’oublions pas non plus
les mimiques terribles des beaux gosses indiens, comme la première arrivée
de l’ « ange gardien » filmé de dos au ralenti pendant
deux minutes, tandis qu’il se passe trois ou quatre fois la main dans les
cheveux... Toutefois les Indiens parfois semblent
perdre leur second degré, lorsqu’il faut être triste par exemple.
Nul doute qu’il y eut beaucoup de mouchoirs dans les salles de Delhi. Tout
cela est fort drôle les trois ou quatre premières fois où
les acteurs fondent en larmes à tout propos, au fil des déconvenues
amoureuses. Mais l’intrigue sombre dans le mélo le plus guimauve
possible : pour échapper à l’ennui, essayer de trouver drôle
le mélo bollywoodien. On y arrive souvent, mais trois heures, c’est
long ! Enfin, on peut rire aussi de la représentation
indienne de New York : une famille criblée de dettes habitant une splendide
villa, filmée au milieu d’un lotissement verdoyant... On peut
aussi s’intéresser à certains aspects typiquement indiens
de l’intrigue : la charge anti-chinoise révélant les tensions
commerciales actuelles, l’obsession du mariage honnête, le parti-pris
pro-penjabi et la guéguerre entre régions indiennes, et, plus
surprenant, un film chrétiennement prosélyte : c’est le côté
New York de la chose, sans doute. En bref, en sortant, épuisé, lassé mais tout de même heureux, vous n’aurez qu’une envie : vous faire un petit resto indien ; mais il sera fermé. ? |
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