Dans la même rubrique
- Invalides nous voilà !
- (Suite) Mercredi - débats et interventions en Amphi
- Libre écoute (ajout d’un lien : Blog de Tolbiac)
- La Cohésion sociale manifeste en ligne
- Who’s counting
- CNE-CPE (suite)
- CNE CPE
- L’Empire G&N
etc.

Autres piges de
Tatin taquine

- "J’en rêve"...
- T’es vraiment trop fuligineux !
- Madame le Ministre du Goûter
- Les premiers siècles d’art en Luciocratie
- Premier vernissage parisien de la rentrée : Noël Dolla
- Responsabilités
- MAC/VAL
- Tu me fais ma thèse et je te donne un cookie
etc.


O
ù kon est ?
> 2011 Année des sonzes > Débattons ! des bâtons !

L’art des Bangladeshis
La mondialisation ratée en histoire de l’art
Par Tatin taquine , le lundi 20 juin 2005.

Prenant acte des effets nocifs de la mondialisation économique, le Bangladeshi parisien, un peu utopiste dans l’âme, s’était imaginé pouvoir renverser ce processus.

Si le monde est un village, alors le Pakistanais est mon voisin de palier... Si le Pakistanais est mon voisin de palier, il va me raconter sa vie... S’il me raconte sa vie, je vais apprendre plein de choses intéressantes... Si j’apprends plein de choses intéressantes, je serai plus curieux... Si je suis plus curieux, je serai moins con. L’équation en tête, certains se sont livrés corps et âme à l’informatique, espérant qu’en développant de nouveaux réseaux on développerait l’ouverture d’esprit.

En histoire de l’art, ça n’a pas marché. On s’intéresse à l’Afrique, à l’Amérique du Sud, à l’Asie, mais l’ethnocentrisme demeure. On adoooooooore les masques africains. On adoooooooooore les sculptures inuites. Mais la séparation entre art "occidental" et "non-occidental" est indéfectible. Pour l’Europe et les Etats-Unis, on parle d’Art. Pour le reste, on parle de Civilisations. Ce serait en effet bien compliqué de remettre en cause nos valeurs établies, d’autant que c’est assez facile de s’en sortir par une pirouette-cacahuète : ce que les collectionneurs de Saint-Germain-des-Prés perçoivent comme de l’art très excitant car très exotique, les "Africains" le perçoivent comme des objets rituels. Les statues dogons se vendent donc comme des œuvres d’art, mais on en parle comme de l’art "primitif", puis "premier", enfin comme l’objet d’une autre "civilisation", selon les évolutions du discours politiquement correct. Si au moins il s’agissait d’œuvres extrêmement anciennes, elles pourraient avoir la même valeur que nos poteries grecques. On pourrait alors parler de "civilisations".

Mais quand on présente dans des musées réputés (le British Museum par exemple) dans la section "Afrique" des œuvres d’art du XVe siècle à côté d’œuvres du XXe siècle sans se poser de questions, parce qu’elles viennent de la même région, le scandale est grand. Et quand on entre à Québec dans le Musée d’Art Inuit, qu’on nous parle d’un art d’une tradition millénaire et qu’on nous présente exclusivement des œuvres réalisées depuis 1960, on se sent désarmé.

Pourquoi n’a-t-on pas le droit de parler d’un art contemporain inuit ? On nous explique que c’est parce qu’ils se réfèrent à la mythologie de leur peuple, et que la technique est ancestrale... Si les peintres allemands contemporains se réfèrent encore à Dürer, est-on en droit de créer un Musée d’Art Allemand ? Le continuum temporel est de rigueur pour parler de l’art qui ne vient pas des Etats-Unis ou de l’Europe. Dans ces pays, oui, bien sûr, il y a eu des bouleversements politiques, économiques, sociaux, culturels, mais bizarrement rien n’a changé depuis des siècles. Ces bons sauvages nous font toujours de bonnes vieilles sculptures en échange de quelques armes...

Rendez-vous au printemps 2006 pour l’ouverture du musée du Quai Branly - Jacques Chirac.

Répondre à cet article


Débattons ! des bâtons !