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Chronique par Benjamin S.

Furyandsound (2003)
Un disque de Natalia M. King
Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le vendredi 18 mars 2005.

Un disque à la beauté âpre d’un film de Tarkovski

Natalia M. King est une américaine, un peu moins de trente ans, noire et maigre, avec de longues tresses (mais moins je crois que la chanteuse de Crisis). Après un diplôme en commerce ou en droit (je sais plus, c’est un peu honteux, mais pour me défendre je n’ai pas de dossier de presse), elle décide de tout plaquer, et de partir en voyage avec sa guitare autour du monde, pour se fixer finalement à Paris, où elle enregistre son premier album, Milagro en 2001. Et voilà donc Natalia M. King en route pour la gloire grâce à quelques très bonnes critiques.

A présent, nous sommes en 2003 (faîtes comme si, vous verrez, vous vous sentirez bien : l’équipe de France est invaincue en foot, l’été est chaud et non pluvieux...) et la belle nous revient avec un album qui porte bien son nom. La référence à Shakespeare est assez transparente, puisque c’est (je crois, ne me tuez pas si je me trompe) dans le Roi Lear (mais peut-être que c’est dans Macbeth, aïe, aïe, aïe)que le roi parle de la vie comme d’une histoire pleine de bruit et de fureur, racontée par un fou, et qui ne veut rien dire.

Autant dire qu’on est pas dans la joie. Et qu’on ne doit pas forcément s’attendre à un album de metalcore non plus. Car le bruit et la fureur sont internes et la musique de Natalia M. King est essentiellement introspective.

Si le premier album tentait de sauver les apparences en gardant de fortes lignes mélodiques, Furyandsound tourne le couteau dans la plaie jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’inexploré dans la chair (" grab a hold of yourself " dit-elle dan s le premier morceau). Les morceaux sont longs, avec une moyenne à plus de cinq minutes, avec une structure assez lâche : pas de refrain catchy à espérer ici. Le mélange est étonnant : on pense aussi bien à certains morceaux de Keziah Jones, qu’au Velvet Underground.

Mais loin des références, Natalia M. King impose son style, où ce qui est tu est aussi important que ce qui est dit. On écoutera donc pas ce disque d’une oreille discrète, mais plutôt au casque, un thé à la main, et dans une lumière plutôt tamisée. Car c’est la nuit qui convient le mieux à ce disque, qu’on appréciera le mieux aux heures propices aux rêves. Qui peuvent se transformer en cauchemar, car ce qui sort de la bouche de Natalia n’est pas toujours simple à avaler. Car elle appelle constamment à la lutte contre nos démons, contre notre lâcheté, notre petitesse. Un disque en adéquation parfaite avec sa pochette : un coup de griffe dans la nuit, qui révèle tout ce que nous voulions nous cacher.

Pas du petit lait donc , et un disque qu’on écoutera qu’à certaines occasions, mais qui, bien utilisé, peut avoir un grand effet thérapeutique.

8 / 12

Ce disque vous plaira si vous aimez : la soul jouée par les Swans, la nuit, et si vous avez du courage ou que vous êtes au fond du trou. Ce disque ne vous plaira pas si vous aimez : la plage au soleil, les vidéos de bricolage, et le téléachat.

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Mes oreilles sont cassées