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Nonstop : j’ai rien compris mais je suis d’accord + Interview
Je me fais plein d’amis en ce moment Je prépare mon enterrement Mon partenaire de squash est un clodo Rien de mieux pour retrouver la confiance Excusez moi d’avoir le moral La camisole me va comme un gant
Vous êtes-vous déjà senti seuls, rejetés ? Avez-vous déjà eu la haine contre la société ? Faites-vous partie de « ceux dont le manque de talent frise le génie ». Avez-vous déjà envie de cracher votre haine à la société sans jamais avoir eu le courage ou le talent de le faire ? Nonstop est là pour vous. Nonstop est là pour tous les « minables qui veulent la vengeance des minables ». Et il a assez de colère pour tout le monde. Avant la musique ou les mots, il y a une rage remarquable. Si quelqu’un rentrait dans la pièce pendant que vous écoutiez Nonstop, sans même écouter les paroles, il dirait : « ouah, il a la haine, le gars, là ». Pourtant, Nonstop n’est pas un groupe de métal, ni même de rock. On pourrait dire que c’est un groupe de rap, mais comme il n’en existe pas ailleurs. Au plus proche, on dirait Dälek ou le dernier album de Saul Williams. Mais avant tout, il y a une combinaison étrange : une boîte à rythme qui tape, des ex de diabologum, des sons indus, le guitariste de noir-désir, et surtout la voix de Frédo Roman, avec son accent toulousain bien mis en avant parce que y a pas de raison de le cacher, son flow improbable, et sa poésie surréaliste. Nonstop ne fait pas de musique aimable. A l’image de sa pochette, c’est un gros collage de viande et de souffrance. Les textes font constamment référence au corps (« robot, robot à la viande, de la viande de robot »), à la douleur physique et surtout mentale (« plus on me rassure et plus je crie »), à l’isolement (« je cherche des regards comme de l’eau sur Mars »). Pas de storytelling, plutôt un inventaire, une accumulation de rimes construites autour d’un thème, rappelant la série des « beau comme » de Lautréamont. Raconté comme cela, cela semble intolérable. Mais la musique de nonstop a aussi une force d’exorcisme (la fameuse catharsis), et surtout l’accumulation de slogans absurdes révèle un humour très noir mais aussi très drôle (« c’est pas nécessaire d’être idiot pour vivre ici, mais ça facilite les choses », « ce film tu l’as déjà vu parce que c’est ta vie, ça peut pas être un navet parce que c’est une parodie », « je crois qu’ils font exprès d’être aussi laids, à faire vomir un médecin légiste »). Si la musique de nonstop semble difficile d’accès, avec son introduction volontairement pourrie (bonjour les synthés pour éloigner les gens qui écouteraient à la fnac), avec ses rythmes inhabituels, avec ses paroles pleines de spleen et de colère, une fois qu’on est dedans, on commence à retenir les expressions, les jeux de mots, on se rend compte que la juxtaposition des phrases n’est pas si arbitraire, et que tout cela à un sens même grotesque, et qu’au fond, on peut tout à fait y prendre du plaisir. « J’ai rien compris mais je suis d’accord ». J’ai envie de dire moi aussi. En bonus, Monsieur Roman a eu l’extrême gentillesse de répondre aux quelques questions que nous lui avons envoyé. Ses réponses sont à son image : directes et efficaces : Q : Pourquoi un début d’album aussi laid ? Est-ce pour faire fuir les peureux ? R : Au contraire c’est pour qu’ils se sentent comme chez eux. Y-a-t-il une esthétique de la laideur et du mal fait dans votre musique ? Disons que je privilégie le fond à la forme et c’est vrai que par les temps qui courent c’est vraiment trés trés trés laid. Le monde de l’industrie musical est en pleine mutation (d’un côté Hadopi, d’un autre côté des gens comme Trent Reznor qui expliquent que l’ancien monde de la musique est mort et qu’il faudra passer à autre chose) : comment vous positionnez-vous en tant qu’artiste autoproduit, et un peu marginal musicalement ? En levrette comme tous les gens honnêtes. Pouvez-nous nous parler de votre collaboration avec Arnaud Michniak ? Il est encore invité sur votre album, et vous avez participé à son projet vidéo Appelle-ça comme tu veux. Arnaud Michniak est un excellent collaborateur, accessoirement c’est mon meilleur ami, ceci explique sans doute cela. Le foot joue un rôle important dans votre musique : à votre avis, faut-il que Gignac reste au Toulouse football club ? Peut-on comparer votre musique à son style de jeu (à la fois tout en force, inattendu, et plein de finesse ) ? La comparaison tiendra la route le jour où Gignac finira meilleur buteur contre son camp. Il doit encore progresser dans ce secteur du jeu et il en est conscient. Dernière question : quand pourra-t-on vous voir en concert ? Je n’en ai sincèrement aucune idée. Pour en savoir plus :
Le site officiel La reproduction de la pochette est tirée de la page myspace officielle du groupe
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Mes oreilles sont cassées
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