Dans la même rubrique
- Entretien avec le groupe Arlt
- Arlt - La langue
- The XX et autres disques
- Foals - Total life forever
- Nonstop : j’ai rien compris mais je suis d’accord + Interview
- TV on the Radio : Dear Science
- Third
- Diving with Andy, un groupe qu’il est chouette
etc.

Autres piges de
Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie

- naissance des pieuvres
- Ne touchez pas la hache (d’un flic qui dort)
- Return To Cookie Mountain
- Diving with Andy, un groupe qu’il est chouette
- The XX et autres disques
- MI : III
- Lara Fabian à la cité des congrès de Nantes
- And You Will Know Us By The Trail Of Dead : Hegel habite au Texas
etc.


O
ù kon est ?
> Rubrix > Mes oreilles sont cassées

Fiona Apple : une chanteuse dépressive mais une femme forte

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le mercredi 22 novembre 2006.

Fiona Apple est un cas d’équilibre très rare dans la chanson américaine : à la fois populaire et crédible, fragile et forte, jazz et pas chiante. Elle a sorti trois albums dont le dernier est encore plutôt récent, d’où un bon prétexte pour en parler.

Elle sort de nulle part en 1996 avec Tidal, un des albums les plus bouleversants qu’on puisse imaginer. Musicalement, on pense à Tori Amos, mais les paroles sont compréhensibles, et il n’y a pas de montée dans les aigus. A la place, des textes introspectifs sur le fait d’être violé (Sullen Girl), et les problèmes que ça crée (Never is a promise, chanson qui m’a fait chialer des milliers de fois) (à l’époque les Inrocks font une couverture croisée Cat Power / Fiona Apple pour une interview d’une rare dépression). Mais aussi des chansons sur l’amour comme un fantôme à rattraper, comme l’ombre de Peter Pan (Shadowboxer, Criminal, qui est le gros tube de l’album avec un très joli clip de Mark Romanek, ou The First Taste). Un peu jazzy, un peu bossa, c’est un peu ce que Norah Jones pourrait faire si elle était moins ennuyeuse.

JPEG - 24.6 ko
Premier album : Tidal : on voit même pas le visage en entier

En 1999, elle enfonce le clou avec When the pawn.... (le titre entier fait une page), album plus vif, plus joyeux, même si sous cette fine pellicule de glace, on peut toujours sentir un océan de blessures pas encore refermées. Avec des morceaux comme Paper Bag, elle s’impose comme une femme forte. Elle vit à l’époque avec Paul-Thomas Anderson (Magnolia, Punch-Drunk Love, deux films à l’esprit très Fiona Apple, et avec qui on annoncera longtemps une comédie musicale, qui apparemment ne devrait pas se faire), qu’elle a vraisemblablement rencontrée grâce à son arrangeur Jon Brion (qui fait les bandes-son de PTA), le remarquable metteur en son de ces deux premiers albums (mais je suppute juste, en fait j’en sais rien).

JPEG - 36.7 ko
Deuxième album : hi hi !

Ensuite le vide pendant de longues années : s’est-elle suicidée, a-t-elle eu 10 enfants et pèse 200 kilos ?

Et puis en 2004 émerge une pétition dévoilant un scandale énorme : le duo infernal Brion - Apple aurait récidivé et la maison de disques refuserait de le sortir ? Ce disque, c’est Extraordinary machine, qui sortira finalement en 2005, mais réenregistré par un producteur un peu anonyme (style qu’a produit 50cent, ce genre de chose). On a quand même du mal à croire que ce soit pour des raisons purement artistiques, la première version, disponible en bootleg de qualité pas toujours très classe sur internet, étant absolument remarquable, et les deux morceaux restants qui entament et closent l’album, sont les meilleurs et les plus surprenants. L’album original était-il trop déconcertant ? Il est vrai que les cloches sur I used to love him, les cordes grandioses sur Oh sailor !, et d’autres petits détails comme la ligne de basse agressive à la fin de better version of me, sont très originales, mais n’est-ce pas ce que l’on attend d’elle ?

JPEG - 57 ko
Troisième album : coucou c’est moi !

Toujours est-il que dans la version finale, on reste un peu sur sa faim : c’est très bien, mais un peu déjà vu. Reste des textes superbes et d’une violence inouïe (parting gift : on aimerait pas être la personne à qui elle s’adresse), et une folie qui pointe de temps en temps (not about love, avec le batteur de The Roots) . Et donc Waltz (better than fine), la meilleure chanson de Mlle pomme, possiblement la meilleure chanson du monde (ça coûte pas cher de le dire), qui redonne l’espoir en l’humanité, et en la vie. Pas mal pour une dépressive.

Répondre à cet article


Mes oreilles sont cassées