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O
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TV on the Radio : Dear Science

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le lundi 19 janvier 2009.

TV on the Radio revient avec son album le plus grand public, ne vend pas pour autant son âme et rend tout le monde heureux.

Mos Def, le sympathique rappeur, le chantait bien : "the rollings stones may have soul, but they haven’t invented rock’n’roll". Pourtant, il faut bien avouer que des grands groupes de rock’n’roll noirs, ça fait longtemps qu’on en a pas vu : peut-être les bad brains dans les années 80, et encore.

Alors quand un groupe comme TV on the radio arrive, la première réaction de beaucoup de journalistes a été de dire : ah oui mais il y a un blanc dedans, et c’est lui qui fait tout. Personnellement, je n’ai jamais vu répéter le groupe, je ne sais pas comment se font les compositions, mais je doute qu’on ait là affaire à un groupe dictatorial de type smashing pumpkins, où un Billy Corgan dictait à chacun ce qu’il devait jouer.

Ce qui se passe, c’est qu’on a un groupe de blacks, des vrais, des musclés, des barbus, qui jouent une musique comme on en a jamais entendu. Bien sûr, on peut lui coller une étiquette : dire : Marvin Gaye fait un boeuf avec my bloody valentine, dire je sais pas quoi encore, mais on peut aussi dire : je n’ai jamais rien entendu de pareil.

TV on the radio, le groupe qui fait danser les types avec des têtes de triangle.

Leur précédent album, return to cookie mountain, avait séduit les mélomanes avertis, mais pouvait choquer par ses aspérités, et son usage immodéré des couches de sons s’empilant façon Everest. Résultat : face à un public non-averti, le premier morceau semblait un obstacle infranchissable ("tu veux pas arrêter ce bruit ?")

Sur leur nouvel album, TV on the radio a mis un peu d’eau dans son vin. Mais pas seulement : ils ont dû aussi y mettre des fruits, du sirop, et faire une sangria du tonnerre. Résultat : goût de jus de fruit, ivresse à fendre le crâne.

Ah par contre, pour les clips bizarre, c’est comme avant

La fête d’abord avec des morceaux de funk emballants, qui annoncent un nouvel âge d’or (Golden age), ou au moins un orgasme conséquent (Valentines Day). La gueule de bois ensuite avec des morceaux mélancoliques tels que Family tree.

Le disque passe constamment de la joie à la tristesse en passant par la colère, varié par son ton mais pas par sa qualité. Car autant le dire, chaque morceau tue sur cette galette. La première écoute est certes déconcertante, car le mur de son a disparu, mais quelle richesse cela dévoile ! On notera par exemple un gros travail sur les cuivres, les violons, pour des arrangements à la fois riches et légers.

Bref, si ce disque est plus soul que ses précédents, c’est une soul du troisième millénaire, sexy et paranoïaque, rock’n’roll dans l’esprit et novatrice sur la forme.

TV on the radio, le groupe qu’il est beau, les disques qu’il vous faut.


Mes oreilles sont cassées