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Mélancolie / Klimt, Schiele...
Le Grand Palais propose jusqu’à mi-janvier deux expositions : Mélancolie, Génie et Folie en Occident et Klimt, Schiele, Kokoschka, Moser. La première exposition est née du projet ambitieux de Jean Clair, son commissaire, qui s’est interrogé sur les diverses formes de représentation de la mélancolie au cours des siècles, et ce depuis l’Antiquité. Avec un peu de méchanceté, on pourrait résumer cette exposition à la phrase suivante : "De tout temps, en tous lieux, l’homme a été mélancolique..." Mais ce serait injuste. Les oeuvres rassemblées sont pour la grande majorité de très grande qualité. Les oeuvres de Dürer, Bosch, Cranach, Caspar David Friedrich, Goya, Blake, von Stuck, Dix, Kiefer ne pourront pas vous laisser indifférents. Et l’atout d’une exposition thématique de cette ampleur, c’est qu’il y en a pour tous les goûts ! Par ailleurs, soulignons que le discours qui accompagne ce parcours est approfondi, riche, précieux pour la recherche en histoire de l’art.
Malgré sa réputation, Jean Clair a donc accompli pour sa dernière exposition un travail qui force le respect, celui même de ses plus fidèles ennemis. Contesté pour ses considérations souvent simplistes et rétrogrades sur les avant-gardes et l’art contemporain, il a su avec cette exposition s’élever au-dessus des polémiques et proposer un regard juste sur le sujet. A voir donc en priorité. L’exposition sur Klimt, Schiele, Kokoschka et Moser déçoit pour son manque d’homogénéité. Ces artistes ont été rassemblés car ils ont tous fait partie de la Sécession viennoise de la fin du XIXe siècle. Si le parcours thématique (trois sections : Histoires, Paysages, Figures) parvient à montrer comment ces artistes ont développé un nouveau langage pictural, il met surtout en lumière le fossé stylistique qui les sépare. A l’issue de cette présentation, les oeuvres de Klimt et de Schiele n’en apparaissent que plus grandes.
L’expressionnisme de Kokoschka souffre de la comparaison avec l’élégance des toiles de Klimt... Ses traits se révèlent d’autant plus lourds et grossiers. Quant à Moser : mystère et boule de gomme. On se croirait face aux monstrueuses croûtes des galeries de supermaché. Pourtant si Moser a été retenu par l’histoire de l’art, c’est parce qu’il a mis son talent au service des arts décoratifs... et non de la peinture ! C’est là qu’on touche au principal défaut de cette exposition : on a rassemblé ces 4 artistes parce qu’il faisait partie de la Sécession viennoise, mais on ne montre que la partie émergée de cet iceberg, à savoir la peinture. En effet, la spécificité de ce mouvement était d’abolir la hiérarchie entre les arts dits majeurs et mineurs en redorant (c’est le cas de le dire, ah ! ah !) le blason des arts décoratifs... Alors qu’on fait tout un foin sur l’exposition Dada car ce serait trahir Dada que de l’exposer dans un musée, on est en droit de se demander si ce n’est pas un sacrilège d’exposer des peintres de la Sécession viennoise sans parler des arts déco... d’autant plus dans le cas de Moser qui apparaît comme un artiste de bas étage. L’exposition Mélancolie : jusqu’au 16 janvier.
L’exposition Klimt, Schiele... : jusqu’au 23 janvier.
Adresse : 3, avenue du Général-Eisenhower, 75008 Paris. Métro Champs-Elysées-Clemenceau.
Horaires : ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h (fermeture des caisses à 19h15),le mercredi de 10h à 22h (fermeture des caisses à 21h15).
Tarifs : comme toujours l’entrée au Grand Palais est hors de prix : 10€, ou 8€ si vous êtes étudiant ou si vous avez moins de 25 ans.
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Est-il beau, l’expo ?
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