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Syriana
Réalisé par Stephen Gaghan, produit par Section 8 (Clooney et Soderbergh)
Par Guernaoueb , le mercredi 29 mars 2006.

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Etats-Unis. Téhéran. Genève. Beyrouth. Cap d’Antibe. Espagne. Maroc. Dubai [1]. Sur la scène : du financier. Du travailleur immigré pétrolier. De l’espion de CIA. Du petit Suisse qui barbote. Du conseiller énergétique suisse. De l’avocat. Du chomeur écolier. De l’émir. Du progressisme. Des intérêts.


Sur fond de contexte géopolitique actuel et donc compliqué (comme le film). Le réalisateur a nommé son film Syrania, ce qui, dans la langue des tacticiens de Washington, désigne un très hypothétique remodelage politique du Moyen-Orient." (Stephen Gaghan, source : MK2 magazine).

Syriana est un film assurément intéressant sur le pétrôôle et ses nombreuses ramifications (finances, géopolitique, terrorisme, justice), pour qui a toujours trouvé tout cela trop abstrait - et compliqué. Une fois dedans, il faut bien s’accrocher car la réalisation, efficacement rapide, est peu bavarde en explications. Mais le propos est sérieux et donne à penser.

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Avocat appliqué - Le vieux de la veille pas farouche - Le jeune conseiller énergétique aux doulces idées

Simulacre de résumé, peut-être, pour y voir plus clair. Quoique.

Un vétéran CIA se voit confier une mission d’importance.
Un héritier potentiel du trône d’un émirat arabe se souhaite réformiste et progressiste.
Un avocat rigoureux se voit confier l’étude de la fusion de deux compagnies pétrolières, pour veiller à la Justice.
Un jeune conseiller énergétique rejoint en famille une fête de l’émir pour parler stratégie et répandre ses doulces idées.
Un jeune travailleur immigré se voit virer de leur chantier de pétrole parce que là-haut la donne a changé.

Au milieu de tout cela, il y a l’énergie : le géant texan Connex Oil vient de se faire siffler ses entrées pétrolifères au Kazahkstan par Killen, une tite société : plions court, rachetons Killen. C’est sûr, il va falloir composer avec la Justice, méfiante, qui va vouloir vérifier la netteté de la fusion. Mais quand le Prince Nasir, décide en son émirat d’accorder les droits de forage de gaz naturel au plus offrant (ah ces Chinois, toujours eux !), ça peut facher le texan. Mais au fait, est-ce forcément lui l’héritier du trône, ou y a-t-il mouton à amadouer dans le coin ?

Quant à l’individu, il n’est jamais loin. Qu’il soit un acteur direct sur la grande scène, manipulé ou manipulateur, ou qu’il soit dans son simple quotidien, la petite histoire n’est pas coupée de la grande : tout est lié, dit l’affiche du film. Le slogan est passe-partout et conviendrait tout autant à Ken Park ou Usual Suspects, sauf qu’ici on devine une intention politique, derrière le teaser commercial : non, l’individu n’est pas rien et la hiérarchie pas si flagrante, le terrorisme est là pour nous le rappeler, lui qui recrute justement les "petites gens" pour marcher dans les gros pas de l’"Histoire". Tout cela n’est donc pas si abstrait : il y a des hommes de chaque côté de la chaine, de l’ouvrier de chantier au décideur sous influence. Ca tombe bien, le spectateur en est un aussi. Si ça peut inviter à questionner...

Derrière ce film,
Un livre : Robert Baer - See No Evil : The True Story of a Foot Soldier in the CIA’s War on Terror, 2002 ( en français : La Chute de la CIA : les Mémoires d’un guerrier de l’ombre sur les fronts de l’islamisme).
Un désir : susciter des discussions. Geogres Clooney : "Nous ne cherchons pas à faire la leçon à quiconque et ne prétendons pas imposer une vérité. Un bon film peut initier un débat, en l’occurrence une discussion sur la dépendance du monde à l’égard du pétrole, mais aussi sur la corruption, l’efficacité de la CIA... et bien d’autres thèmes. Nous avons besoin de ce genre de discussion.".
... et le spectre du 11 septembre. Le réalisateur : "Nous vivons une époque complexe et difficile, et j’ai souhaité que cette complexité se reflète concrètement dans Syriana, y compris dans sa narration(Guernaouelle : c’est réussi). Il n’y a ici ni bons ni méchants, nos personnages ne suivent pas un itinéraire classique, les intrigues ne débouchent pas sur une morale édifiante, et si les questions restent ouvertes, c’est avec l’espoir que ce film vous touchera différemment, et laissera en vous une trace plus durable. Cela m’a semblé le reflet le plus honnête du monde de l’après 11-septembre dans lequel nous vivons.". Et bé, ya du cinéma volontaire là-dessous où je ne m’y connais pas.

Syriana, film américain de Stephen Gaghan, 2h08, avec George Clooney, Matt Damon, Jeffrey Wright, etc. Très bons acteurs. Très intéressant. Mais un peu dur à suivre.


Notes :

[1] Première autorisation de tournage aux Emirats Arabes Unis pour une grande production occidentale.

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