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The Take

Par Le Ministre du Ministère , le mardi 17 mai 2005.

Film de Naomi Klein et Avi Lewis.

Littéralement, en anglais, ça veut dire “la prise”, s’emparer de quelque chose, se l’approprier. Ici, la chose, ce sont les usines - das Kapital, le fonds de commerce : forge, atelier de couture, fours à céramique, etc. - fermées en Argentine après une décennie de capitalisme hardcore façon Carlos Menem - pour la production locale - et FMI pour la distribution internationale. Le scénario était écrit, avait déjà été répété ailleurs : on licencie ; on vend les stocks et les machines au prix de la ferraille ; et quand on juge qu’assez d’eau est passée sous les ponts de Buenos Aires, on casse ce qui reste.

Les ouvriers, fatigués d’en être réduits au rôle traditionnel de figurants passifs, tout en payant l’essentiel de la facture, ont trouvé la solution. Les usines, ils s’en emparent, arguant avec succès auprès des cours argentines que la dette des usines en faillite auprès de leurs employés est solvable en prélevant directement à la source.

Le documentaire, sur fond de Gotan Project - arrière-plan sonore efficace qui plante le décor de l’Argentine moderne - prend le temps de tracer le cours de l’histoire récente du pays, depuis les promesses du péronisme jusqu’au suicide du « Modelo » capitaliste ultra-libéral. Mais il sait surtout s’attarder sur les femmes et les hommes qui animent ce mouvement, rendre palpables la vie quotidienne, les angoisses au tribunal, la détermination.

Pour ma part, je suis sorti avec une grande bouffée d’espoir, et pour reprendre un slogan un peu usé mais vrai, on voit qu’un autre monde est bien possible. Le film sait globalement éviter les pièges du panégyrique des ouvriers ; il sait aussi montrer les limites du mouvement, limites pour l’instant surtout posées par un retour progressif des anciens « robber-barons » en Argentine, prêts à reprendre ce qui, selon eux, n’a pas cessé de leur appartenir.

Intelligent, émouvant, rafraîchissant, indispensable.

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