Dans une petite ville italienne de 1974, les femmes décident de protester contre l’inflation en volant les marchandises du supermarché. Les maris, tous ouvriers chez Fiat, ont des réactions contrastées : certains soutiennent, d’autres, droits dans leurs bottes, les accusent de faire le jeu des patrons.

Voilà pourquoi les femmes cachent leur butin sous leurs manteaux, en faisant croire à leurs benêts de maris qu’elles sont enceintes.

L’analyse intelligente du coincoin

On passe alors de la pièce sociale à la farce la plus complète, oserais-je dire "carnavalesque" : tout y est, l’obsession de la bosse, du corps déformé, les quiproquos, les flics transformés en pandores naïfs, la prolifération absurde d’objets...

Dario Fo, Prix Nobel de 1997, s’y connaît en farce carnavalesque ; il s’y connaît aussi en pièces politiques. A la fin de la pièce, en hors-scène, une expulsion d’huissiers pour impayés vient mettre un terme au ballet du rire : le carnaval moderne est un grincement désenchanté.

Jacques Nichet joue d’une division habile de l’espace, et ses acteurs donnent beaucoup d’eux-mêmes pendant deux heures bien vite passées, pour un vrai beau théâtre contemporain.