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De battre mon coeur s’est arrêté

Par Guernaoueb , le mardi 31 janvier 2006.

Après le Grand Chef il y a quelques mois, et le ministre de la Communication qui a beaucoup aimé, deux membres du peuple ont vu le film récemment : l’un a détesté (Tiers-peuple), l’autre a pas aimé.

Ce qui est bien avec les arts, c’est que les lectures sont multiples, et comme Tounu l’a dit, c’est question de sensibilités personnelles. Je ne vais donc parler que de la mienne.

Pour moi et si je résume mon sentiment, c’est un film qui ne parle de rien en montrant tout :
les tabassages des pauvres d’immeubles (jamais relayés par le moindre discours filmique ni la moindre rédemption du personnage pourtant promise par le slogan de l’affiche),
l’infâme (re-)apprentissage du piano par un connard machiste et vulgaire qui joue des touches noires et blanches comme il tire un coup (attention ! sauf quand il est amoureux parce qu’alors c’est sacré, et en avant pour la morale petite bourgeoise de comptoir du samedi soir),
la pathétique "histoire d’amour" naissante,
et ces doigts, ah ces doigts qui pianotent névrotiquement sur le zing du bar avec une récurrence digne d’un réalisateur en pleine crise d’autodérision .
Et je passe sur le cliché rance du fan de techno.

Ah bon, un connard peut aussi avoir de la sensibilité artistique ? Ah bon, le plaisir raffiné de la belle musique n’est pas réservé aux âmes sensibles et pures ?

(JPEG)
jsuis sympa, en petit ça vous épargne la hargne

Mais c’est pas tout, ce film est une mine d’enseignements. Ce qui est chouette avec la musique, c’est qu’elle élève. Regardez Duris, subitement il ressent toute la laideur du monde qui l’entoure. Et la "vulgarité" (il a pesé ses mots) de ses anciens acolytes de débauche. On devine la souffrance morale, ça doit pas être simple.

Heureusement, il y a la petite japonaise sympa, elle, elle est tellement niponnement mignonne que Pierre Loti ne l’aurait pas reniée.

-  Fallait-il vraiment un film pour accumuler autants de vains clichés ? Faut-il vraiment subir 1h40 de pur stress gratuit pour y voir un irresponsable s’énamourer de sa propre personne, qui trouverait grâce dans l’agilité arrogante et vengeresse de ses minables doigts ?

A voir les réactions dithyrambiques, je finis par être mauvaise et me poser des questions : est-ce que par hasard, quelques ingrédients faciles... prendre un acteur à l’image gaucho pour jouer un gros fumier dégueulasse... ou encore miser sur une compil de cynismes actuels agrémentés de deux trois notes de pure poésie niaise (je suis fou amoureux de toi)... ou encore, plus dannois, réaliser un film éminemment stressant et oppressant [1] selon cet adage connu : si les gens ressentent qqch, c’est que le film fait passer qqch. Comprendre : c’est qu’il est bon.
Ah bon ben alors bon si c’est comme ça.

A côté de ça, le documentaire suisse que je me suis enfilé avec son cor final (ils ont osé) aurait pu paraître bien reposant (Le Bal des chattes sauvages). Eh bien c’est loupé, il m’a horripilée tellement c’était calme et bienveillant. C’est donc grave ?

PS/ Ce qui me rassure, c’est que d’autres ont été touchés par le film. La musique, et puis tout son monde tendu par l’amour esthétique, l’orgueil et l’humilité en luttes intestines. Puet-être alors qu’une lecture plus apaisée existait en partant d’un Duris musicien, mais qui s’est oublié avec la vie et qui à présent peine comme un malade à faire renaître une part de lui peut-être disparue à tout jamais. Moi je suis partie avec le film dans l’autre sens.


Notes :

[1] Sauf que les Danois, ils oppressent pas pour rien, je dis et Dogville fut finalement salutaire à mes yeux.

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