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Bénin soit la Luciocratie
Tout a commencé dans un Grand nuage de fumée bleue, entre la lagune, la plage blanche de cocotiers farceurs et les pétromobylettes. Drapé dans sa langueur, le Grand Chef est apparu au peuple béninois sur sa moto rouge sang (et noir poussière) dont il est fissa descendu pour répandre la bonne nouvelle de la dictature dans les cerveaux détrempés de démocratie et les bouches souillées de bavardages politiques. Au milieu des vendeuses de tomates, des cul de jatte et des Libanais endimanchés, l’effet fut très réussi et un oiseau (l’unique ayant survécu à Cotonou) fila vers la radio-télé-presse locale commenter la nouvelle (qui courut ensuite à dos de papillon sur les routes de latérite, frôlant la mort à maintes reprises en longeant les camions de "liquide inflammable" un peu mon n’veu, trouvant refuge sous un baobab pour la nuit avant de renaître dans la rosée brousse et le silence des dernières étoiles). Un camarade vaudou syncrétique qui passait par là fut tout rongé de jalousie à la vue de ce succès, et entraîna le Grand Chef vers les collines brumeuses de Dassa Zoumé lui faire humer le sang coagulé du dernier sacrifice. Le sceptique nez chéfial se saisit plutôt de l’odeur de la bière de mil qui fermentait sévère dans les calebasses des marchés et se détourna du facheux, marchant comme une seule Grande armée vers les édentés rigolards, qui, on l’oublie trop souvent, ont toujours une fameuse histoire à conter si on fait fi de leur haleine lamentable. Tout vexé devant cette preuve flagrante d’athéisme universel et d’imperméabilité à la mystique locale, l’augure alla clapoter ses pieds sales dans l’eau des crocrodiles en machouillant de la canne à sucre (le gourmand). Pris de pitié (ce qui est rare), le Grand Chef lui dévoila un abri sous la forme d’une immense cité lacustre, bordée de filets végétaux et de pirogues made in Nigéria, envahie de jacinthes d’eau où tombent malencontrueusement les enfants en allant à l’école. Un peu saoul mais content, le Grand Chef marcha sur l’eau, suivi de bébés hippopotames dociles et de buffles blasés de servir de perchoirs aux oiseaux bavards. Ecartant de la main taxis brousse, 4/4, Hummer et cars conforts, il grimpa sur son vélo et entama le Grand tour du lac de Possotomé, depuis renommé à juste titre véluciodrome, avant d’aller s’écrouler sous sa moustiquaire immaculée en tapotant la tête d’un guépard.
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Bagne
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