Tocotronic est un exemple fascinant des différences entre ces deux pays amis que sont la France et l’Allemagne. Si en France, la voie du succès est faite d’alcool (Miossec, Gainsbourg) et de rébellion (Kyo, Luke, Saez, on a la rébellion qu’on peut), en Allemagne, on peut avoir une tête de normalien, faire des références ouvertes à Adorno, Deleuze , Foucault ou Negri, et avoir la classe. Mais l’amitié franco-allemande ne peut-elle passer par un rapprochement des extrêmes, en ce qu’ils sont le plus semblable ? Ne pourrait-on imaginer un morceau de Tocotronic, ou de Blumfeld, ou de die Sterne, voire même d’Element of Crime, dans un film de Desplechin. On peut l’espérer, pour la grandeur de l’Europe.

La forêt, la nature et des allemands

En attendant ce jour, on peut toujours écouter ce pure Vernunft darf niemals siegen, disque de pop subtile (bien que pour certains un poil chiant) dont la principale qualité et le principal défaut sont d’être chanté dans la langue de Walter Benjamin. C’est à dire : soit vous comprenez l’Allemand, et vous apprécierez la poésie et la justesse des paroles de Dirk Von Lotzwow, soit vous n’y pigez que dalle, et vous perdez 50 % de l’intérêt, raison pour laquelle le best-of des Toco ne s’est pas arraché à la Fnac (on le trouve toujours à Nantes). Bref, des belles mélodies romantiques à la Smith, et plus précisément dans le plus pur style Hamburger Schule pour les connaisseurs, des textes super, et une coupe de cheveux étonnante, Tocotronic, tout l’exotisme de la proximité..