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Le Tartuffe
à la Comédie-Française jusqu’au 24 juillet
Par Coin-Coin , le mercredi 15 juin 2005.

Une nouvelle mise en scène de Marcel Bozonnet, plaisante mais sans enthousiasme.

Molière à la scène, idéalement, ça bougerait : même les "grandes comédies" transpirent l’héritage de la commedia dell’arte.

On le cherche pourtant souvent dans ce Tartuffe-là, qui n’arrive pas toujours à enlever le rythme des dictions parfois plates, parfois laborieuses.

Certes, Bakary Sangaré campe un Orgon tout en force candide. Certes, Eric Génovèse convainc en un Tartuffe à la persuasion froide et sournoise. Certes, la Dorine de Catherine Hiegel et la Mariane d’Audrey Bonnet savent parfois se donner à fond. C’est d’ailleurs ce couple qui fonctionne le mieux : à l’acte III scène 2, Mariane tentée par un destin tragique, souligné à grands gestes désespérés, est rapidement remise en place par le comique placide de Dorine, tandis que la grande scène de dépit amoureux (III,4) atteint enfin la véritable énergie scénique de Molière.

Mais il reste trop de temps morts, voire d’incongruités comme la musique pseudo-tragique avant l’acte V, pour un rythme parfait : inutilité des changements à vue ou des embrassades à l’acte V, statisme de certaines scènes où les tirades sont déclamées face au public en devant de scène, plutôt que réellement jouées. Enfin et surtout, la scène d’exposition, si enlevée dans le texte, ne fait jamais mouche dans cette demi-obscurité glauque et place la représentation sous de bien pauvres auspices.

Sans parler des costumes parfois douteux (ah, la robe rose à paillettes d’Elmire ou la chemise vert pomme de Damis), le décor aurait pu être plus exploité. Si les volets formant carrés de lumière soulignent efficacement l’unité de temps, les comédiens ne se l’approprient pas réellement ; seul le demi-rideau de scène est vraiment utilisé.

Ainsi, ce spectacle en demi-teinte convainc parfois lorsque les comédiens se donnent à fond, mais semble trop souvent poussif. En témoigne cette détestable habitude de diction : tantôt les comédiens disent correctement les vers mais semblent déclamer, tantôt avalent diérèses et e muets lorsqu’ils songent à animer leur jeu, de sorte que le spectateur n’est jamais pleinement satisfait.

Salle Richelieu jusqu’au 24 juillet, 20h30, durée 3h avec entracte. Renseignements http://www.comedie-francaise.fr

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