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Inside Deep Throat
Ce documentaire s’attaque à un mythe américain, Deep Throat, et son succès phénoménal. Le film si mémoire ne me fait défaut sortit en 1972, fut projeté non stop pendant plus de deux ans, et rapporta plus de 600 millions de dollars contre 25 000 en coûts de production : le plus rentable de l’histoire. La surprise c’est que c’est un film de boules, dont le sujet tourne autour de son actrice principale, Linda Lovelace (de son vrai nom Bones), qui taille plein de pipes, dans un film avec des blagues, un effort de scénar... enfin presque. Le porno existait depuis fort longtemps aux USA, mais le succès de Deep Throat déclencha une bataille menée par l’administration républicaine pour relever l’étendard de la bonne vieille morale ousque tous les garçons ont une la raie sur le côté et les filles éteignent la lumière avant de se coucher. Sujet donc assez alléchant, puisqu’en plus que c’est un film de cul, on peut un peu gratouiller sous les fesses de l’Amérique-protestique. La question de la moralité avait déjà été soulevée par l’administration Nixon quelques années auparavant, mais le rapport du Sénat, fondé sur des recherches scientifiques (images splendides d’un mec qui s’astique avec plein de docteurs moches autour de machines qui font bip collés sur lui), avait conclu que le genre ne nuisait pas à la santé des consommateurs.
Le film touche à-peu-près à tous ces aspects, mais n’approfondit que les aspects relatifs à la vie des tout premiers concernés (réalisateur, acteurs) et à l’implication de la mafia. Le montage est un peu trop hype, un peu nerveux, et ne donne pas beaucoup de temps au spectateur pour assimiler le flot d’informations, pour contextualiser clairement les événements. Les auteurs annoncent leur intention de traiter le sujet dans son ensemble, privilégient en fait les tranches de vie, mais laissent beaucoup de non-dits, de zones d’ombre. Inside Deep Throat finit sur le constat d’échec de la fusion Hollywood-porno et la vacuité totale de ce qui est devenu une industrie bien plus profitable que le cinéma grand public. Le verdict est un peu étrange et laisse comme un arrière-goût moralisateur, de vérité assénée sans réelle réflexion sur ce qu’est le porno, sur des questions telles que la représentation, l’obscénité. En coupant totalement leur sujet du présent, les auteurs tuent net toute réflexion autre qu’historique ou biographique, finalement peu intéressante.
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Ciné Cinéma
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