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Chronique par Benjamin S.

Le monde de Némo
Un film d’Andrew Stanton & Lee Unkrich (studio Pixar)
Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le vendredi 18 mars 2005.

Un nouveau film des studios Pixar, c’est toujours un événement, vu la qualité plus que faible des derniers Disney (sauf Lilo & Stitch). Pas d’exception ici, puisque ces aventures marines réjouiront les petits et les grands (c’est le monde du bonheur).

De quoi ça parle ?

Marin est un poisson-clown, il vit avec sa femme Corail, et attend avec impatience l’éclosion de ses 400 enfants. Mais la vie c’est pas du gâteau, et qu’on fera pas de vieux os, et voilà qu’un gros poisson bouffe Corail et tous les œufs sauf un. Qui, une fois devenu plus grand, se fait kidnapper par un plongeur. Marin ne l’entend pas de cette ouïe et part à la recherche de son fils.

Quels sont les enjeux ?

Le film obéit à deux enjeux, un pas très important, et un très intéressant. Le premier, c’est de fournir des peluches à Disney, faute de permettre des attractions (encore que). Le deuxième c’est de faire un film sur les papas, cette espèce bizarre.

Premier enjeu, donc, les peluches. Pour faire des bonnes peluches, il faut des persos mignons et gentils. Réussite totale sur ce point, tous les petits poissons sont adorables, les voix sont rigolotes, même Ginola est bon dans son petit rôle, et il y en a pour tous les goûts : la dorade amnésique hyper affectueuse, la tortue surfeuse, le pélican expert en chirurgie dentaire, sans compter les requins qui essaient d’arrêter la viande, et les mouettes dessinées façon studio Aardman (un grand moment de rire, par ailleurs), etc., etc. Les seuls personnages antipathiques sont des humains, ce qui est d’ailleurs une constante chez les studios Pixar, puiqu’après le gosse tortionnaire de jouets de Toy Story, on a la petite fille à l’appareil dentaire effrayant. C’est vrai que dans ce monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, je trouve que ça fait un peu tâche. C’est déjà assez difficile de porter un appareil dentaire quand on est gosse, alors quand en plus on se voit représenter sous un aspect nocif dans un dessin animé, on doit bien avoir les boules. Bon après, c’est pas non plus Dark Vador où Jason, on reste dans les limites du décent. En somme, pleins de persos mignons, sauf une petite fille, mais qui achète des poupées de petites filles à appareil dentaire ? (encore que si du slime lui sort du nez, il doit y avoir un public).

Deuxième enjeu, bien plus important, le monde de Nemo est un film sur ce qu’est être un papa. En général, dans un dessin animé, le point de vue adopté est celui de l’enfant. Et bien sûr ici aussi c’est le cas, puisqu’on a toutes les étapes initiatiques qui font du petit enfant qui a des choses à prouver, un enfant qui est bien dans sa peau, mais il y a plus. En effet le film commence par la mort de la maman, qui n’est pas ressentie de façon traumatique par le fils. Peut-être que c’est parce qu’il était pas né, peut-être que tout simplement ça sentait pas bon, toujours est-il qu’il ne verse pas une larme à ce sujet, ce pourquoi on peut parler d’un Bambi 2. Par contre pour le papa, c’est l’angoisse : poisson clown qui ne fait rire personne, père castrateur, veuf inconsolable, un vrai traumatisé. Et peut-être pour la première fois dans un dessin-animé, la quête initiatique porte surtout sur le papa. En effet que Nemo soit un poisson courageux, on s’en doute dès la première seconde, et on a pas de doute non plus qu’il aime son papa. Par contre les changements opérés sur le père sont radicaux : il s’ouvre de nouveau au monde, prend courage, et éventuellement retrouve l’amour.

Le film peut donc se voir à un double niveau : un niveau pédagogique où on encourage les parents à laisser de l’initiative aux enfants, et un niveau psychologiques sur la nécessaire fin d’un veuvage. Après, je ne suis pas sûr qu’un enfant de 6 ans ait la même vision du film que moi.

Et alors c’est bien ?

Effectivement, le monde de Nemo est certainement l’un des films de l’année. Techniquement superbe, ultra maîtrisé au niveau narration, on rit beaucoup, on est ému, on a peur. Bref même fatigué, on ne s’endort pas. Et c’est super.

Le seul reproche, c’est que Marin a une tête entre Duramou de Téléchat et une bite. Mais peut-être que c’est un hommage à Topor, après tout pourquoi pas. A voir, donc.

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