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The Ex All Stars : The Ex + Miss Goulash + Thalia Zedek + Molasses
Dimanche 17 Avril 2005 à la Barakason de Rezé
Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le lundi 13 juin 2005.

C’est par un Dimanche pluvieux que l’on s’en va écouter les Hollandais de The Ex. Pourquoi pas après tout, la Barakason est une salle où la chaleur est étouffante, ce qui nous évitera au moins d’avoir froid.

J’ai raté Molasses, groupe canadien du label Constellation, mis en valeur par les Inrockuptibles il y a quelques temps (classé parmi les dix meilleurs disques de l’année 2004). D’après ce que j’ai compris, le groupe portait bien son nom. Du folk pas très imaginatif et apparemment un peu arrogant (style le chanteur qui parle super vite en Anglais en tournant le dos au public).

Ensuite Thalia Zedek, chanteuse qui semble avoir quelques kilomètres au compteur. Visage fermé, et marques de consommation d’alcool, on sait qu’on est dans la scène indépendante. Formellement comme musicalement, le groupe aurait très bien pu passer dans le film Clean d’Olivier Assayas (même si la chanteuse est plus proche de Nick Nolte que de Maggie Cheung). Il y avait donc, une chanteuse - guitariste, avec une voix à la Marianne Faithfull, les yeux fermés, très crédible, un violoniste au son un peu trop propre, et un batteur performant avec une très belle chemise rouge. Au niveau des chansons, c’était de la musique indépendante avec tout ce que ça implique : les larsens, le rythme lent et concerné, les paroles qu’on imagine pleines de blessures non renfermées. Malheureusement, si on pense un peu à la PJ Harvey de Dance Hall At Louse Point, on se rend aussi immédiatement compte de ce qui différencie un disque majeur d’un groupe un peu chiant : la folie. La musique de Thalia Zedek est extrêmement sage et appliquée, n’apporte rien de neuf, et l’ennui s’installe progressivement. Un peu chiant, donc.

Miss Goulash : groupe Lyonnais, qui se présente comme une fanfare surréaliste. On a une trompette, une clarinette, un violon, un violoncelle, un chanteur, un bassiste et un saxophoniste. Les rythmes changent souvent, il y a de l’énergie, on pense un peu à Magma, Gong, mais en plus bigarré, et aussi à Fantomas pour le côté n’importe quoi, et surtout à cause de la voix du chanteur, qui fait très Mike Patton. Donc on ne s’ennuie pas trop, mais on voit vite les limites du projet : un manque certain de structure qui ôterait l’impression de voir u concert d’école de musique, et un chanteur horripilant. Qu’il fasse son Patton en cherchant les graves très graves, puis les aigus très aigus, puis le chant crooner, pas de problème. Mais qu’il en rajoute en faisant des grimaces dignes de Jim Carrey dans le Grinch, là ça cale. Donc à la fin, on décroche, et on se dit, revenez dans deux-trois ans, avec un projet plus abouti. Beaucoup de potentiel, mais pour l’instant pas vraiment beaucoup d’acte.

The Ex enfin : on m’avait prévenu : le groupe s’est calmé, c’est pas aussi punk qu’avant. Au niveau apparence, c’est toujours la même chose, c’est à dire no look total : la batteuse à l’air d’une institutrice calviniste affublé d’un pull de marin, le premier gratteux à un t-shirt rouge, le chanteur un t-shirt vert, le bassiste (du groupe de jazz italien Zu, en invité sur la tournée) à un t-shirt anonyme, et le second guitariste à un t-shirt bleu. Un groupe bigarré donc.

-  Le groupe commence avec une chanson éthiopienne, rythmée par des battements de mains, ce qui nous rappelle que The Ex est un groupe politiquement engagé et qui a pas mal voyagé en Afrique. Puis la batteuse va derrière ses fûts et en avant la musique ! Un set ultra énergique, une pression constante sur l’auditeur. Musicalement on pense à Fugazi période Repeater, on pense aussi un peu aux Talking Heads pour la virtuosité rythmique, et à Sonic Youth pour les déflagrations sonores. En clair, on en prend plein les oreilles.

-  Les gens de The Ex ont l’air de gens ultra-bien : ils sont sympas, parlent en Français, pas prétentieux, leur son est énorme, bref rien à reprocher. Le set se conclut sur un morceau Congolais, qui enthousiasme tout le monde et rend folles certaines filles dans la salle (merci beaucoup, un beau spectacle de danse). Puis viendront deux rappels, dont un apparemment pas prévu, pour un concert qui a duré entre 1h30 et 2h mais qui a semblé durer cinq minutes.

-  Pour conclure, une mention spéciale pour la batteuse, femme toute frêle mais à l’énergie incroyable, au jeu rapide, précis et incroyablement groovy avec ses percussions. La super classe.

The Ex nous a délivré un beau message d’espoir : on peut avoir plus de 40 ans, avoir l’air de rien et faire une musique qui ridiculise pas mal de nouveaux groupes émos. On espère que les Converge et autres Mars Volta vieilliront aussi bien.

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Mes oreilles sont cassées