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Three Times

Par Guernaoueb , le mardi 29 novembre 2005.

Comme je sortais de Beaubourg après un pestacle de danse intéressant [1], j’ai filé au Khadheux Bheaubhourg : le dhernhier HouHsiaSHien, Three Times.

Et il se rendormit.

La chose commence a être connue : je m’endors régulièrement au cinéma et cela n’indique en rien que le film me fut mauvais ou ennuyeux.

La chose se passe ainsi : le plus souvent, j’arrive l’haleine perdue et la sueur perlante à mon siège rouge. Quand enfin je pose mon séant, c’est avec un grand soulagement. Celui-ci envahit alors doucement mon corps : je me détends, j’étends une jambe, l’autre lâche sa chaussure dans un coin, la chaleur de la course emprisonnée entre mes couches s’évapore. Le film suit son cours (un frisson) et je constate qu’on est bien ici. Je remonte mon col - il fait toujours un peu froid dans les cinémas. Vient le blouson en couverture et c’est bien le processus fourbe et inéluctable de la molle torpeur qui s’insinue, tandis que mes paupières accusent la loi de gravité.

Bref, voilà, je n’en ai plus honte à présent : oui mon bon monsieur, oui ma bonne dame, je dors au cinéma. Je m’endors, comme Plume, voilà tout.

Quant aux chiffres, on sait leur importance, ici comme ailleurs. Le tiers réglementaire est un bon rapport d’assoupissement sur un film. Au delà, la chose est plus inquiétante et c’est ce qui se produisit pour Three Times : 1 film de presque 3 heures, 3 parties.

Bilan les vaches sont maigres : un 1/3 éveillé.

Les 3 parties montrent chacune une relation amoureuse, à trois époques différentes. La 1e est sympathique, bon enfant et sans prétention [2]. La 2e pas de chichi on s’endort. La 3e on se réveille parce qu’à force de partir, les spectateurs finissent toujours par nous (me) bousculer.
-  Bref, autant aller revoir Millenium Mambo , découvrir Be with me , ou expérimenter les Amants Réguliers , selon ses attirances (Hou Hsiao Hsien, cinéma asiatique, cinéma lent, très lent).

Three Times

Une fois réveillée, je n’avais plus qu’à penser : mais pourquoi avoir fait une seconde partie aussi longue ? celle-ci est totalement muette façon 1910, les couleurs bronze en plus. J’ai eu l’impression d’assister à un palichon remake des Fleurs de Shangai, avec la tension sociale en moins, l’aiguillon amoureux bien plus fade [3]. Au moins, ça ne perturbe pas le sommeil. On est bien ici.

Départ de mes voisins butant dans mes souliers épars, parfait, la 3e partie commence.
Qu’avons-nous là ? l’époque moderne, mais un grand flottement général. J’ai l’impression tenace que tout tourne à vide. Ou alors pardi, serait-ce exprès, en une sorte de déréalisation volontaire ? On le voit, l’esprit, peu captif, cherche des points d’ancrage et fait de l’exégèse. Il en trouve auprès de la toujours aussi belle actrice, celle de Millenium Mambo qui valait à elle seule le déplacement tant elle est toute belle [4].
Et cet odieux concert de trip-hop, la belle actrice serinant des airs plus ennuyeux les uns que les autres, faisant passer Morcheeba à mes yeux pour des champions de l’éclate funky. Du vilain donc, et je n’ai pas saisi pourquoi. Cette dernière partie parait glisser sur tout, un peu comme Guernaouelle sur une plaque invisible de verglas : ce n’est pas vraiment prévu, du moins de son point de vue.

Le film est fini et je n’ai pas bien perçu son unité. Evocation de relations amoureuses ? mais la coquille m’a paru si vide que je n’ai cru à rien et contemple juste ma propre passivité. Visiblement, dans ma salle, ils ont préféré l’action de sortir. Quant à moi, j’ai passé une bonne soirée reposante.

Non vraiment, c’est dommage car sur le papier le film avait des atouts : "Trois époques, trois histoires, 1911, 1966, 2005, incarnées par le même couple de comédiens. Ce conte sentimental évoque ainsi la triple réincarnation d’un amour infini...". Et de belles photos pour attirer le chaland. Mais définitivement, à mes yeux l’incarnation manque de carne.


Notes :

[1] frère&soeur, de Mathilde Monnier et avec des danseurs très résistants qui se frappent en chorégraphie pendant une heure et demie

[2] Ce qui est plutôt un atout.

[3] Cela dit, il est possible que j’aie loupé les moments phares de cette partie.

[4] Une vraie incarnation du rêve occidental de l’exotisme sensuel et ses mystères. Parfait pour l’export ! Ironie de côté, l’actrice est vraiment belle.

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