Les différents Castors
En théorie, il y a deux Castors :
Le castor d’Europe, autrefois appelé bièvre. Ce qui explique les doux noms de nos contrées : la Bièvre qui coule à Paris, Beuvron, la Boivre, Beauronne, Beurières, la Brévonne, la Vèbre, Bibichen la Barben, Bibernestschluett, etc. (LH, p.21, une splendide carte de France des noms de castor)
Le castor d’Amérique du Nord : plus gros, c’est lui construit les maisons en bois des Américains.
Castor, joueur
Source : Art Resource, Reference ART205939
Mais l’on sait bien comment Linné s’est gouré et combien toutes ces classifications relèvent d’un mythe communiste. Voici donc une honnête classification d’après enquête :
Le Castor Montagnard : jadis, les mamouths pouvaient batifoler avec des castors géants de 3 mètres de long, sur le terrain de jeux des Amériques.
Le Castor-Philosophe, qui n’existe qu’en exemplaire unique : civilement connu sous le nom de Simone de Beauvoir, on lui doit rien de moins que le deuxième sexe.
Le Castor-Matheux : habile en calculs, le castor a donné son nom à une fonction mathématique (théorie de la calculabilité, pour les fans de mots-fléchés).
Le Castor-Epollux, héros bi-face que l’on trouve dans l’excellent filmd de John Woo, Volte-Face (Face Off). Des mauvaises langues disent que c’est une référence grecque. Sans doute une rumeur homophobe infondée.
Castor Epollux version montagne
Le Castor Urbaniste sculpte de ses dents les autoroutes intelligentes de la Suisse de demain. A Genève, un dispositif permet une gestion informatique de la sécurité d’une portion d’autoroute - né en 1993, on l’a baptisé Castor : Centre Autoroutier de Surveillance du Trafic et de gestion Opérationnelle des Routes nationales (voyez comme la volonté de référer au Grand Rongeur était forte car l’acronyme est vraiment mauvais).
Source : Espaces et sociétés, 2004/3, n° 118 : "L’autoroute intelligente au service de la sécurité routière : l’exemple de l’autoroute de contournement à Genève", de Valérie November.
Le Castor-Libertin : dans certains milieux, demi-castor designe "une femme ou une fille dont la conduite est déréglée, quoiqu’elle ne se prostitue pas à tout le monde" (source : TLF)
Le Castor-Pieux. Là, c’est avéré, divers saints, avant de mourir, se proclamèrent Castor ! Source : Wikipédia)
le Castor Polaire. Une magnifique petite auto des neiges pour les expéditions polaires françaises.
le Castor Poisson est un Poisson-castor. Encore cette sombre histoire d’identité. La nostalgie pisciphile n’a en effet pas totalement sorti le castor des filets de pêche : au Canada, barbote le poisson-castor (amia calva), qui parait-il est un sacré combattant (Source RDS)]
Encore une histoire de queue
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le Castor-Communiste. Non content d’avoir échappé à la tuerie de la seconde guerre mondiale, des gens aux étranges idées d’autogestion et de solidarité se sont mis ensemble pour construire leurs maisons eux-mêmes. Le mouvement prit le nom des Castors.
le Castor-Capitaliste, que l’on découvre derrière l’enseigne Castorama.
le Castor-Ecolo est tellement écolo qu’il avale le CO2. Du moins tel était le projet, en 2004.
Source : Futura Siences )
Le Castor Astral. Les éditions du Castor astral ont publié récemment la biographie définitive traduite en français d’Elvis Presley, rien que ça.
Le Castor Grand Entrepreneur : "toute chose étant égale par ailleurs". Une bête qui vaut cher, pour tout ce qui fut cité en début d’article. Je voulais fournir les stats de commercialisation des produits castors pour un pays en particulier, pour ajouter au sérieux de mon enquête, mais je ne parviens à faire entendre raison à la base de données en question.
Le Castor Nationaliste. "Au XVIIIe siècle, la rivalité entre Britanniques et Français dans le Nouveau Monde avait pour principal enjeu le commerce des peaux" (Source : Encyclopaedia Universalis).
Idée de lecture : Images du castor canadien, XVIe-XVIIIe siècles, François-Marc GAGNON, Sillery, Québec, les édittions du septentrion, 1994, 130 p. ill. Un homme a fait l’histoire des Castors au Canada, ça mérite d’être signalé [1]
le Castor Ensursis. Au cour de mon enquête, je suis tombée sur ce article très intéressant sur "La prise en compte sur la scène internationale des savoirs autochtones dans la gestion des ressources".
Un grand projet hydroélectroque au Canada a été l’occasion d’entretiens avec des Indiens Cris pour mesurer l’impact social et environnemental du projet. Cette population souhaitait combler les lacunes évidentes des études réalisées par la société concernant les risques. Lors des entretiens, une large place a été consacrée au Castor : on y apprend plein de trucs sur ses habitudes alimentaires, son dodo, son aversion du caillou, son amour de la boue, ses activités (en cas d’expatriation, il revient malgré tout chercher sa nourriture d’avant quitte à mourir noyé), etc.
A lire : Des savoirs « traditionnels » pour évaluer les impacts environnementaux du développement moderne et occidental, de Marie Roué et Douglas Nakashima. Revue internationale des sciences sociales, 2002/3, n°173, pp. 377-387)
le Castor Délinquant, auteurs d’incivilités et bien plus encore. Celui-ci mérite une attention particulière car il peut être à l’origine de grands tournants jurisprudentiels.