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Le facteur finir toujours pas passer
Sans tambour ni trompettes
Par Le Grand Chef , le samedi 2 août 2008.

Voilà six mois que la môman du Grand Chef râle au téléphone sur la poste haïtienne. Eh oui, le tome 2 des Misérables n’était pas arrivé à bon port, eh oui la carte de Noël n’était pas arrivée, eh oui eh oui. Jusqu’au jour où...

Jour d’hier. Rogette, désignée salariée au secrétariat, dit en souriant au Grand Chef qu’il a un courrier de ministre (ce que le Grand Chef pourrait prendre mal, puisqu’il n’est pas ministre, mais Grand Chef, mais le Grand Chef est indulgent).

Sur mon bureau, une montagne de lettres affalées sur ma montagne de dossiers pas classés, en hommage à Gaston Lagaffe : le courrier en retard.

Et au milieu un petit colis, le Grand Chef se précipite, tout matérialiste qu’il est.

Le colis est très très poussiéreux, le Grand Chef le secoue un peu au dessus de la poubelle et l’ouvre gaillardement. Le tome 2 des Misérables, posté début janvier 2008, et si, vous avez bien lu. Et dans les lettres, une carte d’Egypte de décembre 2007. Un joyeux Noël aussi. Avec beaucoup de messages d’amour pour le joyeux anniversaire du Grand Chef.

Je suis saisie à la fois par la joie et l’indignation, je file droit vers mes collègues pour leur faire part de la nouvelle : j’ai reçu du courrier de 2007. Et aussi, je vais faire un don à la bibliothèque du boulot puisque maintenant j’ai les Misérables en 2 exemplaires (car le Grand Chef d’impatience avait acheté des misérables en mars à Paris, des misérables, il n’y en a pas beaucoup en Haïti).

Evidemment, fallait-il s’attendre à autre chose, ils prennent l’annonce avec décontraction, voire cynisme. "eh bien tu as reçu ton courrier, c’est ça la bonne nouvelle". Quelqu’un a tout de même la bonté de m’expliquer qu’après les jours fériés ou de congés, plutôt que de prendre les sacs de courrier arrivés dans l’intermède pour les trier, les postiers prennent les nouveaux sacs et remisent par devers eux les sacs malencontrueusement parvenus à destination pendant des jours néfastes.

Je hausse les sourcils en leur signalant que leur pays va encore monter d’un cran dans la mauvaise réputation, ce qui ne les fait que rire, et je constate que la baie de Port-au-Prince est aussi brumeuse que la baie de Saint-Malo les après-midi d’hiver.

En tout cas, merci pour les lettres et cartes postales, car maintenant je sais que je dois attendre 6 mois pour le prochain arrivage.


Bagne