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Nine Inch Nails : [With_Teeth] (Halo 19)

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le lundi 13 juin 2005.

Six ans qu’on l’attendait, et le premier mot qui vient à l’esprit en écoutant ce nouvel album, est : " enfin ! ". Car pas la peine de faire durer un suspense de mauvais aloi : le nouvel album de NIN est somptueux, un chef d’œuvre !

(JPEG) L’essentiel de cet article ici !

Première partie : petit historique

Toutefois, avant de rentrer dans le vif du sujet, petit rappel sur ce groupe (qui n’en est pas vraiment, un, puisque NIN, c’est avant tout Trent Reznor)  : le premier album appelé Pretty Hate Machine, sort en 1989, et le choc est grand dans le milieu de la musique industrielle  : on peut faire de la musique rock, synthétique, qui puisse groover, et émouvoir. Evidemment, quand on le réécoute maintenant, ce disque fait un peu de la peine, mais on peut encore garder Something I Can Never Have, ballade au marteau pilon, belle à faire pleurer un catcheur.

Ensuite viennent deux grands disques violents, Broken et The Downward Spiral. Tout est réunis sur ces disques : une violence crue jamais entendue qui rendra obsolète tous les groupes à gomina type Guns & Roses, alliée à une sensibilité exacerbée, et à une recherche sonore de tous les instants. C’est surtout le cas sur Downward Spiral, trip auto destructeur dont on ne peut ressortir indemne, avec des tubes à la pelle (March of the pigs, Closer...), des morceaux poignants (ah la guitare acoustique au milieu de The Becoming), éprouvants (Reptile) pour finir sur une des plus belles chansons de l’histoire de la pop music : Hurt (qui a toujours divisé les fans, mais une chanson reprise par Johnny Cash ne peut pas être mauvaise).

Après cela, le trip habituel : recyclé par Bowie (Outside, et une partie de Earthling), tournée, donc drogue, alcool, groupies, et éventuellement un peu de Tori Amos (chœurs sur Past The Mission). La virée s’achève en bacchanale infernale avec l’enregistrement de l’antichrist superstar de son poulain Marilyn Manson et c’est une période qui se conclut avec la mise en place de la bande-son de Lost Highway où on retrouve tout son univers. Pour sortir du gouffre ne reste qu’une seule solution, la cure de désintoxication, qui aboutira en 1999 à son chef d’œuvre : The Fragile. Un disque d’émotion pure, au son d’une complexité affolante, avec en son cœur un morceau inoubliable : la mer, instrumental fond du trou qui ressuscite Satie en version indus. Gros succès public et critique, et puis après, plus grand signe de vie. Un disque de remix et un live fond patienter, mais pas de nouvel album ! Un premier signe de vie nous vient en 2004 avec l’annonce de la sortie imminente de l’album Bleeding Through. En fait, Reznor, pas satisfait du résultat, met tout à la poubelle, et recommence, le résultat vient de sortir, et s’appelle [With_Teeth]


Deuxième partie

[With_Teeth], donc, le disque de la résurrection. Parce que si Reznor ne donnait pas signe de vie, c’est que tout est allé de travers au moment de la tournée de The Fragile, retour à la drogue, mort de son meilleur ami, bref, pas la joie. Donc re-désintox, déménagement (la Nouvelle-Orléans, c’est rempli de zombies) pour la Californie, aller chez le coiffeur, faire du fitness, bref, se rendre compte que la vie peut être belle, laisser, oui laisser, entrer le soleil.

Et faire un disque de pop, rempli de tubes pour faire exploser les charts. Ainsi, la première partie du disque montre un Reznor sûr de lui et prêt à donner tout l’amour du monde (All The Love In The World, morceau génial qui commence comme du Aphex Twin pour terminer en orgie sonore Gospellienne) , prêt à bousculer quiconque le ferait chier (You Know What You Are ? morceau brutalissime qui rappelle que NIN, c’est pas seulement Still, mais aussi Broken), prêt à faire des refrains qui tuent (The Collector), et prêt à vendre des singles (The Hand That Feeds, sûrement le morceau le plus pop et accessible de l’histoire de NIN).

Ensuite, Reznor, comme tous les cyclothymiques, retombe dans la dépression, et règle ses comptes avec la drogue, avec des morceaux calmes et de plus en plus destroy. Ce cycle s’achève avec le morceau with teeth, bien dans l’ambiance Downward Spiral, avec des samples dans tous les sens, des larsens, une basse bien grasse et une batterie ultra lourde. Ensuite Reznor reprend son souffle avec le très Depeche Modien Only (futur tube), et les très rock’n’roll Getting Smaller (merci Dave Grohl à la batterie) et Sunspots. Pour terminer, quatre morceaux plus calmes, avec notamment Beside You In Time, un morceau comme vous n’en avez jamais entendu basé sur un effet de mixage absolument dément (merci Alan Moulder, vieux compère de Reznor, quand même l’homme qui a mixé Loveless de My Bloody Valentine) , et Right Where It Belongs, qui s’inscrit dans la tradition des ballades absolues en fin d’album (en plus le trip rock star avec le public en fond est assez jouissif).

L’essentiel !


Ce qu’on peut donc dire de cet album, c’est premièrement, qu’il surprend par sa diversité, après Fragile monolithique, et deuxièmement par son aspect direct : la basse et la batterie sont mises très en avant (merci Jeordie White, et encore merci Dave Grohl et Jerome Dillon), le son parfois presque live (enfin, dans une certaine mesure) mais toujours hallucinant (écouter un autre disque après, c’est croire écouter une démo en 4 pistes). Ensuite, on apprécie que tous les morceaux soient des tubes, sans être jamais vulgaires. Le disque joue sur toutes les émotions qu’on puisse ressentir dans sa vie.
Alors voilà, je ne sais pas si je suis très objectif, car je suis un fan hardcore, mais toujours est-il que With_Teeth est l’introduction parfaite à l’univers de NIN, un univers, beau, sombre et violent comme du Lautréamont.

12 / 12

P.S : je m’excuse d’avoir fait un article aussi long, si c’est trop long, on peut refaire l’article, en trois phrases : NIN est de retour. C’est génial. Achetez ce disque.

Par ailleurs, je tiens à faire remarquer que le nombre de grands disques à être sorti cette année est assez hallucinant : entre le Trail of Dead, le Blood Brothers, le Mars Volta, le Queens Of The Stone Age, le Saul Williams, ou même Françoiz Breut (que j’ai pas encore pu écouter) et en attendant les nouveaux System Of A Down, White Stripes (Satanic Circus, sorit le 6 Juin), Turbonegro, Weezer, Portishead, peut-être Björk (qui fait la bande-son de la nouvelle installation vidéo de son mari Matthew Barney et peut-être un album avec Patton) plus tous les groupes qu’on ne connaît pas encore mais qui vont se révéler, si avec ça le marché du disque ne remonte pas la pente, c’est qu’il y a vraiment un problème de piratage.

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Mes oreilles sont cassées