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And You Will Know Us By The Trail Of Dead : Hegel habite au Texas

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le mardi 28 novembre 2006.

And you will know us by the trail of dead est un groupe texan, qui est l’un des meilleurs groupes de pop / rock actuels. Tout simplement. Mais pourquoi ? Parce qu’ils maîtrisent la dialectique.

Pour effectuer notre démonstration, nous nous appuierons essentiellement sur les deux derniers albums : Worlds apart et So Divided (rien que dans les titres on sent la conscience malheureuse). Je n’ai pas le premier album Madonna (déjà une figure de la conscience, malgré tout), et le deuxième album : Source, code and tags rentre assez peu dans mon propos : malgré tout un excellent album, très rock avec du chant hurlé, et des arrangements extrêmements soignés (ah les violons au fond de It was there that I saw you !), et quelques figures historiques comme Baudelaire (un morceau avec des sax partout), Rimbaud (illustration de livret), ou le Japon des samouraï (une sombre histoire contée en Japonais comme intermède). Bref, déjà indispensable.

Ensuite, les texans voulurent frapper un grand coup. Donc, signer sur une major. Construire son studio. Le remplir avec le plus de matos possible, et faire le disque de pop ultime. Fini le champ hurlé, bonjour le violoncelle (Russia, my homeland, charmant instrumental). Trail of dead explore l’histoire, du monde extérieur (worlds apart sur le mépris des Etats Unis et le retour boomerang dans la tête qu’est le 11 Septembre, le tout sur la musique la plus joyeuse possible, un vrai tube, bientôt dans votre maternelle) et surtout l’histoire de la pop. Ainsi pour réussir l’album ultime, et retrouver l’unité du moi et du monde, il faudra, comme dans la phénoménologie de l’esprit passer par les grandes étapes de la pop : les beach boys : "will you smile again for me", Nirvana "summer of 91" Michael Jackson : "best", et le rap en général "Lost City of Refuge". Comme chez Hegel, les allusions sont réservées aux fins connaisseurs, et musicalement il n’y a pas pompage. Parce que le disque est écrit du point de vue de celui qui a le savoir absolu. Musicalement, Worlds apart est ce qui s’appelle un disque opulent : les couches d’instrument sont épaisses, et le résultat wagnérien (enfin autant que pop se peut). L’esthétique est à la hauteur : trail of dead est un groupe qui n’hésite pas la surcharge.

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Tout le monde contre tout le monde

Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes, avec des critiques élogieuses (disque de l’année 2005 pour Visions), mais le disque se vend pas, peut-être à cause de la noirceur du propos, peut-être parce que la maison de disque a pas fait son taf (disque même pas en écoute à la fnac). Bref, migrer sur une major pour vendre moins que sur un label indépendant, voilà qui est embêtant.

Donc retour cette année avec So divided, où la conscience malheureuse du chanteur se rend compte qu’il ne faut pas chercher le savoir absolu dans l’ingestion des connaissances musicales, mais dans la digestion des traumas personnels. Donc, So divided est un album qui vient du contraire de Worlds Apart. Dialectique, donc. Musicalement plus sobre, mais toujours aussi beau, avec ses instruments étranges (percussions polynésiennes sur Waste of mind), ses passages instrumentaux épiques, ses mélodies parfaites, sa noirceur non démonstrative, bref, un disque pop parfait, tout simplement. Et déjà des signes de synthèse se font : eight days in england, single beatlesien sur la difficulté de tourner en Angleterre loin de son pays, mélange de l’intérieur et de l’extérieur. Ou Spider Web, reprise d’un morceau datant des débuts du groupe, présent en version d’époque, et en version retravaillée.

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Une japonaise qui n’existe pas, c’est ça l’art

Tout ça pour dire que Worlds apart et So divided sont deux joyaux pops, qui s’imbriquent l’un dans l’autre, et qui, pour cette raison doivent tous les deux être absolument achetés. Ca tombe bien, c’est bientôt Noël.

Le site officiel, au désign très sobre http://www.trailofdead.com/

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Mes oreilles sont cassées