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Foals à Bordeaux

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le mercredi 10 décembre 2008.

Foals + Friendly fires + wild beasts à la rock school barbey, le Lundi 17 / 11 / 2008

Pour commencer, présentons la rock school : un endroit charmant où on peut prendre des cours de musique, et plus précisément rock, d’où son nom. Quand je vous aurai dit que ça se trouve sur le cours Barbey, vous aurez tout compris. C’est une salle étrange. La première fois que j’y suis allé, c’était pour le concert des Black Lips, qui se déroulait au rez de chaussée, dans une salle bien bizarre, puisque en creux, avec 3 - 4 marches d’escaliers en bordures. Pourquoi pas, après tout : si des gros groupes acceptent de jouer dans un hall de MJC, c’est leur choix. En fait j’étais loin du compte, puisque pour les concerts vedettes, on monte à l’étage, pour découvrir une salle pas tellement plus grande mais plus conforme à l’idée qu’on se fait d’une salle de concerts : scène en hauteur, gradins au fond, et gros emplis qui tachent. Voilà, le cadre est placé, les concerts peuvent commencer

Wild Beasts :

Avec les filles, j’ai un succès flou - 148.6 ko
Avec les filles, j’ai un succès flou

Pas annoncé, pas prévu, les wild beasts se sont tapés l’incruste, expliquant gentiment qu’ils étaient normalement en jour de repos, mais que leur tour bus ayant croisé la belle ville de Bordeaux, et Foals et Friendly fire étant de tellement bons amis, ils n’ont pu résister à l’appel de la scène. Bien leur a pris car ce groupe est une belle découverte. Si on comprend bien la parenté avec Foals, pour ce qui est d’un certain fonds années 80 dans leur musique, associé à une appétence pour les disco beats et la basse qui claque, la différence est facile à marquer. Elle se situe dans la volonté de produire de la mélodie, élégante de surcroît avec une voix qui rappelle un peu un mélange entre Anthony (pour le côté aigu et chevrotant) et Devendra Banhardt (pour le côté un peu négligé), et beaucoup le Jeff Buckley qui reprend le Corpus Christi Carol. On comprendra donc que ça monte très haut dans les aigus, et que les jolies harmoniques entre le chanteur et le bassiste rendent le tout bien agréable. Côté musique, on pense parfois au Radiohead de Hail to the thief (et surtout à la chanson punch out at a wedding), parfois au Coldplay de a rush of blood into the head. Bref, tout cela est très anglais, malgré une volonté parfois un peu vaine d’être aussi cool que Julian Casablancas des Strokes, amenant des changements de voix brusques entre chant guttural et chant aigu. Bonne surprise, en définitive.

Friendly fires

Avec la présidence de Sarkozy de l’union européenne, on a beaucoup parlé de rupture ces derniers temps. Problème : les anglais de Friendly fire ont compris qu’on parlait de the rapture, l’excellent groupe de funk sous méthadone new-yorkais. Résultat, encore une fois du disco-beat comme s’il pleuvait de la charley, de la basse groovy de chez groovy, des petites touches d’électronique. De quoi bouger son popotin, sauf quand on est vraiment un indie kid indécrottable, à attendre que tout cela se termine les bras croisés, mais quand même satisfait d’être là et fatigué d’avoir un peu hoché la tête. Angleterre oblige, quelques gros refrains mélodiques virent au pathos. Dans l’ensemble sympa, mais de même que le sucre de betterave ne remplacera jamais le sucre de canne, il faut bien se l’avouer qu’on attend le retour des américains avec impatience.

Foals :

La tête d’affiche et pour cause : Antidotes, leur premier album produit par Dave Sitek de TV on the radio, est un des meilleurs de l’année, grâce à un mélange détonnant entre math-rock (mais si vous savez, ces mecs à lunette, qui portent leur guitare très haut et bizarrement pour pouvoir jouer tous les aigus, et qui changent tellement souvent de rythme qu’il en passent leur temps à compter) et pop new-wave. Plus important que les influences, finalement pas tellement différente des groupes précédents, on retiendra la qualité de composition de leurs chansons, allant du tube ultime (Cassius) aux morceaux plus réflexifs et calmes. Durant ce concert, le groupe a montré plusieurs visages. Un visage peu convaincant tout d’abord, avec pour commencer un chanteur à la mèche grotesque, rappelant Bernard Campan chantant Isabelle a les yeux bleus pour les inconnus. Cette mèche a dû d’ailleurs bien le gêner, celui-ci ayant foiré le début de la plupart de ses morceaux, commençant à contretemps, la voix pas bien en place. Bref, un sentiment de malaise s’installe et atteint son point culminant au moment de jouer ce fameux Cassius, réduit à une bouillie disco beat de plus. Bref, pas la joie. Un visage très convaincant de l’autre, avec un chanteur guitariste qui, une fois libéré de ses obligations vocales devient une machine à rythme ainsi qu’une usine à bruit. C’est dans les morceaux les plus instrumentaux que Foals se révèle le plus à son aise, nous révélant un côté noise à peine entr’aperçu sur disque. Se dégage une tension qui crée la catharsis, en faisant bouger en masse le public. On sent alors la différence profonde entre ce groupe et les deux précédents : cette sensation de danger, que tout peut déraper comme lors de ce concert récent où le groupe a massacré ses instruments, vieux rite du rock’n’roll à la valeur retrouvée. On sent aussi le futur grand groupe de pop névrosée que peut-être deviendra Foals.

En attendant, ce fut une bonne soirée, qui m’a laissé des courbatures ma foi pas si désagréables.

A noter : toutes les photos sont tirées des sites officiels respectifs des artistes


La Luciocratie expliquée à mes neveux-nièce