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Ah, Pologne !

Par Le Ministre du Ministère , le lundi 5 septembre 2005.

Polonie : pays fortement envahissable, la preuve, nous l’envahîmes il y a peu, dûment missionnés par le Grand Chef, dans le cadre du grand projet « J’aime mon voisin, je m’installe chez lui ». Sous couvert d’ouverture europienne des frontières tous azimuts, nous y entrâmes par la porte berlinoise, car il n’existe que deux portes pour entrer en Polonie, la susdite (parce qu’on a tendance à y rentrer en grosse Mercédèsse de marque brune), et la moscovite, ainsi dénommée parce qu’on ne perd pas de temps dans ce pays. Les deux portes sont parfois ouvertes en même temps, comme en 1939, ce qui provoque de sérieux courants d’air et a tendance à enrhumer la population pour de longues périodes. Dans ce cas, une rhinite de quatre ans, et une rougeole de quarante-cinq. Le pays se porte aujourd’hui très bien, merci, il a un téléphone portable, un string, et beaucoup de bière.

Que faut-il retenir de ce pays ? Tâchons d’exposer sans confusion ni pré ni même post-jugé ce qu’il faut retenir de ce pays. Un plan en un nombre indéterminé de parties s’impose, que je m’empresse de suivre. Attention ! Ames sensibles s’abstenir, il sera question de religion, et pas des moindres, la papolâtre, rien que ça.

1. Le Polonais est-il tous plombier ? Non, car certains sont guides dans des musées, ou serveurs dans des restaurants, ou nonnes dans la rue, ou acteurs-sosies-de-Jean-Paul-II dans des films visés par Benedictus XVI, ou encore - tiens-toi bien, lecteur - vacancier. Oui, car contrairement à ce qu’on pourrait croire, le Polonais - en tout cas dans sa variante urbaine - n’est pas une matriochka portant foulard à fleurs et dents en or, ou un viril mais fruste chasseur d’ours s’adonnant à la consommation excessive de vodka. Enfin pas toujours. Ce qui nous amène à la question suivante :

2. Le Polonais est-il français ? Difficile de répondre à cette question : s’il est vrai que le Polonais écoute les dernières chanteuses de arènebie bien de nos banlieues, il a également tendance à porter fièrement la moustache, à faire crisser ses pneus au démarrage (activité à laquelle il s’adonne fréquemment le dimanche quand tu visites paisiblement son quartier), ce qui le distingue du premier coup d’œil du Français. Nous pouvons donc dire avec une certaine mesure de certitude : non, le Polonais n’est pas Français, quoiqu’il lui ressemble de très près. La différence la plus frappante est sans doute qu’en présence d’autres Polonais, massés dans un compartiment bondé d’un train bondé qui par une chaude journée d’été file vers les montagnes, il n’a pas tendance à devenir désagréable, mais bien plutôt à regarder défiler le paysage en t’offrant un chocolat de son sac à main. Ce qui pourrait nous amener à nous demander : le Polonais est-il une vache suisse ? Mais cette question nous emmènerait trop loin.

3. La Polonie possède-t-elle des armes de destruction massive ? Oui. Au nombre desquelles : la slivovic (prononcer « ts »), vieille prune à 90° qui décroche les cors aux pieds rien qu’en la respirant. Le fromage de brebis des Carpates, infection atomique vendue traîtreusement sous la forme de petits pains dorés, qui transpirent la journée entière au soleil sur des étals dans la rue. Les églises baroques, généralement fort laides alors qu’ils faisaient très bien du gothique avant que les artistes italiens de seconde zone ne viennent tout barbouiller de pastels dégueus et de trompe-l’œil ratés.

4. La Polonie a-t-elle un passé glorieux ? Oui, elle a même tendance à en remplir ses musées, ses châteaux, ses églises. Haut fait glorieux : le roi qui à la fin du XVIe siècle a fait cramer son propre château royal parce qu’il jouait trop avec sa panoplie du petit alchimiste.

5. La Polonie est-elle la Belgique ? Les ressemblances sont fort troublantes. Le Polonais, comme le Belge, boit de la bière tout à fait respectable. Celle-ci, cependant, porte des noms étranges (Zywiec, Tyskie), là où la bière batave porte des noms respectables et intelligibles (la Touffe, la Queue de Charrue). Par ailleurs, la bière est légère, très aqueuse, blonde toujours sans être pisseuse, et fréquemment tirée par un serveur narquois qui rit de tes vains efforts pour commander dans sa langue et prend ses amis en photo quand ta copine oublie son appareil dans son bar la nuit. Par ailleurs, la Polonie est bordée sur sa lisière du dessous de jolies montagnes du plus bel effet, les Carpates, qui culminent vers 2500 mètres dans la sous-chaîne des Tatras, ce qui la distingue de la Belgique, qui n’est bordée que de canaux qui se pendent. Malgré leur côté décoratif évident, ces montagnes ont une fâcheuse tendance à la pluviosité, ce qui nous a poussés à ajourner nos projets d’annexion des cimes Polonaises et du mont sainte Lucie.

6. La Polonie porte-t-elle encore les stigmates de l’oppression stalinienne ? Non, malgré ce qu’en dit ce débile de Routard. Pour tous ceux qui imaginent que le pays, hors ses jolies pierres médiévales, n’est que grisaille dégueu et grandes allées Jaruzelski ou avenues Stalingrad, la Polonie réserve bien des surprises. Cruelle question : peut-on aimer ou défendre les constructions laissées par les camarades soviétiques ? Absolument, il n’y a qu’à faire un tour du Palais de la Culture et de la Science à Varsovie (ex Palais Staline), ou mieux encore de Nowa Huta, banlieue de Cracovie.

7. La Polonie a-t-elle des stars aussi classe que Zinédine Zidane ou l’abbé Pierre ? Oui, elle a même mieux : le Pape, ce qui n’est pas rien. L’église papolâtre y est particulièrement présente sous forme de prêtres habillés à la romaine, de sœurs en goguette, de processions le long de la route qui mène à l’aéroport. Mais prends garde, ami bouffeur de curé : ici, il est nécessaire de faire son chemin de croix pour bien comprendre le pays, notamment ses années de résistance, aux Russes, aux Autrichiens, aux Allemands, aux Soviétiques.

Pour résumer : la Polonie est désormais officiellement annexée à la Luciocratie. Elle se visite tous les jours, aux heures ouvrables.

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