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La légende de Zu : Tsui Hark contre Pollock
La légende de Zu est un film qui défie l’analyse, qui repousse les limites de l’entendement humain. Pas parce que son histoire est particulièrement complexe mais plutôt parce qu’elle est absolument incompréhensible. En gros, il y a un méchant qui ressemble à une momie, qui se balade dans un crane géant, et qui attaque les gentils et puise sa force dans une grotte de sang, et à la fin ça finit bien (enfin je crois). Dans les détails, c’est plus compliqué. Il y a des gens qui meurent sans qu’on comprenne pourquoi, des gens qui se font posséder, des gens qui ressuscitent mais qui ne savent pas qui ils sont, des héros paumés qui se battent contre leurs doubles, des armées qui se battent sans trop savoir pourquoi et un vieux à sourcil. Vu sous cet angle, ce n’est pas très intéressant. Pourtant, la légende de Zu est un climax dans l’œuvre de Tsui Hark. Son incapacité à raconter une histoire de façon simple est devenue légendaire, mais ici, elle est accompagnée d’une véritable fascination pour le mouvement et la couleur. En réalité : Zu est le premier film d’art martial abstrait.
A chaque image, il se passe quelque chose de jamais vu : une femme qui se craquelle au ralenti (repris dans Blade II, mais avec un contexte ça change tout, en bien comme en mal), un guerrier aux ailes composées de lames, et surtout des couleurs, beaucoup de couleurs, qui se rentrent dedans, sans comment ni pourquoi. Il doit bien y avoir une histoire dans ce film, mais on peut penser qu’elle était tellement basique qu’on pourrait s’en passer : toute présentation des personnages devient superflue, tout enjeu est inutile. Ce qui compte, c’est des déluges d’épée, des bastons en apesanteur, c’est tout ce qu’on a dans un film de sabre, à la puissance dix-mille. On en ressort confus et troublé, parce que Tsui Hark est l’homme le plus speed du monde, qu’il fait des films pour les jeunes de 2050, ou pour les collectionneurs d’art contemporain.
La légende de Zu est ce qui se rapproche le plus d’un tableau de Miro, voire de Pollock
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