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MI : III

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le jeudi 11 mai 2006.

MI : III un film de JJA avec TC, et PSH, qui parle d’un AS et d’une PDL. Un film avec beaucoup d’abréviations, qui demande à être décrypté.

En tant qu’étudiant philosophe, lorsque je dois commenter un texte, il me faut d’abord trouver la thèse, cette petite phrase magique qui donne sens au contenu qui l’entoure. Depuis, quand je vois un film, je me pose toujours la question : à quoi sert ce film, qu’est-ce que ça dit ?

Evidemment, cette question ne se pose pas toujours. Les films de Schwarzenegger ont longtemps été populaires par leur capacité à ne rien dire (à part : votez Républicain !). Face à MI : III (soit mission impossible, troisème mission), la question se pose bel et bien : pourquoi tout se bordel ?

Avant de rentrer dans une analyse un peu poussée, qui risque de dévoiler un peu de l’histoire et peut donc potentiellement gacher le plaisir de quelques uns, je voudrais dire que MI : III est le meilleur film d’action qu’on ait vu depuis bien longtemps, une belle surprise. Bourré de tension du pré-générique (à ne surtout pas rater, soyez à l’heure) à la fin, crédible et intéressant, un film physique, à la réalisation ultra-nerveuse, aux acteurs parfaits (mention spéciale à Phillip Seymour-Hoffman, qui réserve sa place au panthéon des méchants de cinéma), et des scènes qui réintroduisent le travail d’équipe. Bref, ça tape, et ça poutre, comme on dit.

Tom Cruise et son équipe sauvent le monde, le détruisent, le resauvent, etc. - 26.1 ko
Tom Cruise et son équipe sauvent le monde, le détruisent, le resauvent, etc.

Mission Impossible I, c’était le monde d’après la chute du mur : plus de combat à mener, et des agents secrets pris dans des intrigues plus vaines que le questionnement d’Etre et temps. Le film d’espion qui mettait fin aux films d’espion. Paradoxal pour un début de série, et de fait chaque épisode est temporellement largement séparé l’un de l’autre.

Mission Impossible II, c’était du James Bond. Un méchant mal identifié, sans but, veut faire du mal à la planète, uniquement pour l’argent. Hunt le tue, sauve la nana. Tout va bien. Tout ceci est un peu vain.

Mission Impossible III part de ce constat. Il n’y a plus rien à sauver. Donc Hunt agit de façon conséquente : il forme des agents, mais n’agit plus. Il fonde une famille. Il boit des bières. A la fois ennuyant et sexy, il est le gendre idéal. Pourtant quelqu’un veut le faire sortir de sa cachette. Et la question est : pourquoi ?

Imaginez que vous soyez un traître de la CIA, ou un trafiquant d’arme redoutable, pourquoi iriez-vous sortir votre pire ennemi de sa retraite ?

Le fond de l’affaire, c’est que le coeur de MI : III ne se trouve pas à l’écran. On y voit beaucoup mais jamais l’essentiel. Il y a une scène géniale, celle du building chinois. Elle est au coeur de tout, et pourtant, elle est filmée de l’extérieur, elle est un trou noir, un instant volé. C’est la deuxième fois dans l’histoire du blockbuster moderne (peut-être dans l’histoire du cinéma moderne), après la centrale électrique de Matrix Reloaded, qu’une scène prometteuse de suspense et d’action est couverte d’un voile pudique : encore ceci n’était dû qu’au fait que c’était au joueur de vivre cet événement sur sa console dans le jeu parallèle au film. Hunt y vole la patte de lapin, le truc monstrueux qui déclenche tout.

Et au fond, la thèse du film, c’est ça : si les méchants vont chercher Hunt, c’est parce qu’il est le seul à pouvoir les faire vivre. Le méchant de la CIA l’explique : si je veux envahir l’Irak, j’ai besoin d’arme de destruction massive. Si je veux une arme de destruction massive, il me faut une arme à vendre. Si je veux vendre, il me faut un marchand d’arme. Si je veux l’arme, il me faut Tom Cruise pour la voler.

Du début à la fin, Ethan Hunt est manipulé. Comme toute l’Amérique protectionniste, isolationniste. Qui pense avoir droit au repos après la chute du communisme. Mais il faut toujours des nouveaux méchants à combattre, pour le commerce, pour la politique. A la fin, Hunt tue le méchant qui veut créer un conflit, et part se reposer avec sa femme. La paix a vaincu. Evidemment c’est une anti-phrase : la paix ne gagne jamais, et on peut être sûr qu’il y aura un IV.

Ainsi, d’une façon assez subtile, MI : III est aussi un film politique, sur une Amérique dont le peuple veut manger des saucisses devant le superbowl, et une élite qui fait la guerre pour faire tourner l’économie. C’est donc bien la suite directe du MI : I : s’il n’y a plus d’ennemis, il faut en créer. Une belle leçon de vie.

(excusez moi pour cet article un peu long, mais il fallait tout dire, et la vérité prend de la place)

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