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Le Grand Chef à Cuba 1/ ?
Après avoir savamment joué des coudes à l’aéroport Toussaint Louverture et contemplé béat le modèle de désorganisation de la compagnie aérienne qui prenait sa vie en charge pour l’heure à venir, le Grand Chef embarqua dans un ti avion russe, dernier geste des soviets à l’égard de la caribéenne cousine. Là, il se mit en devoir de fondre consciencieusement car la climatisation n’existe pas dans les avions russes puisque en Russie il fait froid. On calcula ensuite qu’il dut perdre environ 3,4 litres d’eau par sudation dans ce hammam volant. Au contrôle d’immigration on ne lui fit pas de complications, parce qu’il n’avait pas, lui, discuté avec un membre du gouvernement cubain, à l’inverse de l’un de ses companeros. On ne tamponna pas son joli passeport sinon il ne pourrait plus aller aux Etats-Unis. Contemplant les cockers qui sautillaient de sacs en sacs à la recherche de poudre blanche, le Grand Chef poussa un grand soupir de satisfaction et tâta ses poches. Par réflexe. Crise de panique. Le Grand Chef n’avait plus son adorable petite bourse contenant argent et carte de crédit. Gesticulation auprès des autorités locales qui désignèrent l’un des leurs pour faire le tour de l’avion russe. L’animal revint bredouille et un aimable douanier expliqua en souriant que s’il y avait de l’argent dans le porte-monnaie du Grand Chef, il pouvait toujours se brosser pour espérer le revoir un jour. Bienvenue. Les cockers sous l’emprise d’une allégresse presque louche continuaient à fureter et courir dans la salle des bagages. Alors le Grand Chef traversa dignement le long hall aveugle et se présenta devant la vitre teintée pour pénétrer officiellement en territoire cubain. Elle glissa avec respect dans sa glissière. Juste derrière se trouvait l’enjoué Ministre des relations avec l’axe du mal, secrétaire d’Etat au cassage d’oreille et au déhanchage subversif.
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Bagne
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