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Chronique par Benjamin S.

5 disques pour 2003

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le vendredi 18 mars 2005.

2003, une année impaire, assez dense en bon disques, mais pas si exceptionnelle qu’on aurait pu croire. Il est quand même assez difficile de distinguer les disques de l’année. Cette liste reflète mes goûts personnels, et les disques que j’ai eu sous la main. N’étant pas professionnel, j’ai pu rater des choses. Ne m’en voulez pas, donc. Vous allez voir, cette année ma liste est assez rock.

1 - The Mars Volta : De-loused in the comatorium

On pouvait tout craindre de ce disque : paroles incompréhensibles, pochette ultra-laide, et une moyenne de durée par morceau d’environ 6 minutes. Mais ce n’est pas un disque de prog-rock chiant. Parce qu’aux commandes on trouve deux anciens membres d’At The Drive-In, groupe dont l’influence se fait sentir maintenant plus que jamais. On a donc une fièvre rock’n’roll immense d’un côté, on a des musiciens plus que talentueux de l’autre. On a une certaine érudition musicale d’un côté, et l’envie d’en découdre de l’autre. On a des morceaux à la fois directs et alambiqués, avec des rythmes émos, progs, ambients, samba. Un disque grand huit, qu’on pourra écouter des milliers de fois en découvrant encore des choses. Bref, le disque de l’année.

Si vous avez déjà ce disque, vous pouvez aussi écouter : Muse : Absolution, Cave-In : Antenna.

2 - The Blood Brothers : Burn, Piano Island, Burn

Le monde est rempli de confusion, mais il reste un homme sur lequel on peut compter : Ross Robinson. L’homme qui a découvert Korn, Limp Bizkit, Slipknot, a produit Roots de Sepultura, Relationship of command d’At The Drive-In, sans compter les Glassjaw et les Amen, nous revient cette année avec une nouvelle découverte : les blood-brothers. Evidemment les plus malins connaissaient les deux albums précédents, this adultery is ripe et March on electric children (très bon disque lui aussi) , mais ces deux disques ne pouvaient laisser prévoir le cataclysme déclenché par l’écoute de ce disque. Pour décrire The Blood Brothers, il suffit de dire que c’est de la compression musicale, du César (le sculpteur) mis en son.

Chaque morceau comporte une petite centaine de rythmes différents, tous plus rapides et débauchés les uns que les autres. Pour donner des repères, on pense un peu à At The Drive In, ou au Refused du Shape Of New Punk To Come. Et puis il y a ces voix. Il y a un chante qui crie en suraigu, et l’autre qui a une voix basse de comédie musicale. On doit pas mal écouter Andrew Lloyd Webber chez les frères de sang.

Les chansons parlent de fêtes d’anniversaire avec des amis squelettes, de représentants en commerce kidnappeurs, de salons de beauté, et de Marilyn Monroe comme zeppelin caché. Bref, de n’importe quoi. Burn, Piano Island, burn, est un disque qui ouvre de nouvelles voies en matière de hardcore, à la fois ultra-exigeant et léger, dur comme un bagnard et gay comme un autre bagnard, bref, une mini bombe atomique.

Si vous avez déjà ce disque, vous pouvez aussi écouter : les vieux Blood Brothers, je vois rien qui approche ce disque, à part peut-être Refused : The Shape Of New Punk To Come, mais vous devez déjà l’avoir.

3 - Deftones : Deftones

Le néo-métal est un mouvement qui est en train de mourir. Avec des groupes comme Linkin Park ou Evanescence plus pops que Britney Spears, avec des groupes comme Korn ou Limb Bizkit qui tournent en rond, on peut dire que la situation est critique. Mais cet ouragan, les Deftones le traversent comme si de rien n’était. A vrai dire, cet album n’apporte rien de fondamental à White Pony, le précédent album du groupe. Mais il approfondit ce qui a déjà été fait.

Et surtout, ce disque a la classe. Ca commence avec un Hexagram, avec son riff d’intro complètement magique, et Chino Moreno qui chante comme si Dieu et Satan luttaient en lui pour la possession de son âme. Ensuite, le disque aligne les morceaux lents comme Anniversary of an uninteresting event et son piano aérien, et les morceaux rapides comme When girls telephone boys, d’une colère intense.

Il y aussi la montée en puissance de Deathblow, les samples de guitare traitées façon harmonica, qui donnent un petit côté Morricone à l’ensem ble, l’électro de Lucky You, et cette impression permanente de se trouver au cœur d’un orage. Ce quatrième album des Deftones n’a donc rien d’anodin, et se dégage facilement de la masse.

Si vous avez déjà ce disque, vous pouvez aussi écouter : Standstill : Memories Collector.

4 - Placebo : Sleeping With Ghosts

Après le très fade Black Market Music, j’avais très peur pour Placebo. Retrouverait-on jamais le groove d’un Mars Landing Party, ces mots consolants du premier album (every sky is blue but not for me and you), ces guitares aériennes, bref le panache glam des deux premiers albums ? Réponse positive, ce quatrième album est très bon. Placebo est un groupe qui a grandi, qui vend beaucoup et continue à faire des clips ultra-moches. Au niveau des compositions, on sent beaucoup d’assurance : ça commence avec un instrumental nerveux, qui suit la tradition du premier morceau en décalage avec le reste, et puis dès English Summer Rain, on se rend compte que le groupe a retrouvé un son correct, très accessible sans être trop simple. Mais ce qui marque surtout, c’est le nombre de tubes potentiels sur ce disque : This Picture avec son gros riff de basse, le très glam the bitter end, le glorieux Plasticine, le troublé Something Rotten (Molko, il est trop beau quand il joue de la trompette), le pun kisant Second Sight, etc. A la fois consolant et libérateur, le dernier Placebo donne envie d’être adolescent, et de faire l’amour dans les chiottes du collège.

Si vous avez déjà ce disque vous pouvez aussi écouter : Blackmail : Friend Or Foe ?

5 - Blackmail : Friend Or Foe ?

Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de Blackmail, parce que ce groupe allemand n’est pas distribué en France. C’est peut-être la chose la plus étrange de l’année, parce qu’on a vu que venir d’Allemagne n’était pas un obstacle avec The Notwist, par exemple, surtout quand on chante en Anglais. Mais même si le groupe chantait en turc, quelle différence ça ferait, car combien de ge_ ns comprennent vraiment les paroles d’un groupe anglo-saxon ? Bref, revenons à nos maîtres-chanteurs. Blackmail est un groupe qui en est à son quatrième véritable album, en pleine maturité, donc. Et il s’agit là de pop-rock, tout simplement. On peut définir le son de ce disque comme la rencontre entre Queens Of The Stone Age et Placebo. Et d’une certaine façon, il n’y a rien de véritablement inédit sur ce disque. Mais tous les morceaux, sauf un, sont des tubes. Le genre de truc que pourrait passer le Mouv’ s’ils n’étaient pas aussi occupés à écouter de la merde. Ca commence avec un son très Beatles, et ensuite ça part à fond les ballons : Evon avec son riff qui n’en finit pas de gagner en puissance, It Could Be Yours, la chanson de l’année, morceau ultra-kids dont même les MC5 et Placebo peuvent être jaloux, etc. etc. Un disque assez court, suffisamment pour en vouloir plus, avec beaucoup d’énergie et de flair. On regrettera simplement un solo à la Eddy Mitchell qui donne des doutes sur l’intégrité des musiciens, mais tout le reste est super bon, super pop, super groovy, et donc super cool.

Si vous avez déjà ce disque vous pouvez écouter les autres groupes de la scène de Koblenz : Scumbucket, Ken et d’autres : ces mecs ont des milliers de groupes.

Enfin, en bref, quelques disques que vous pouvez acheter avec confiance : la réedition de l’EP Uloved and weeded out de Converge augmentée de démos de When Forever Comes Crashing, indispensable pour qui aime le métal un peu sérieusement, le dernier Cat Power d’une beauté et d’une mélancolie rare, encore que ce soit le plus joyeux qu’elle ait écrit, le dernier Radiohead, très sérieux et bien fait, l’Atelier et son rap débile mais moins bon que TTC, Reality de Bowie, très digne malgré un ou deux très mauvais morceaux, le dernier Arthur H, très classe, le tubesque Elephant des White Stripes, et le très exigeant Fury and Sound de Natalia M. King.

Et plein d’autres disques que je n’ai pas pu écouter. Comme on dit, il y a de tout dans le ragoût.

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Mes oreilles sont cassées