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Steak, un film de Quentin Dupieux

Par Benjamin S., Jeuniste du prix et de la mornographie , le dimanche 1er juillet 2007.

Steak, un film de Quentin Dupieux avec Eric, Ramzy et Sébastian Akchoté, et un peu de Sébastien Tellier.

Steak est un film qui a été démoli par la critique, et que je n’aurais certainement pas vu sans cette grande fête qu’est celle du cinéma. Pourtant, si le film fait question, ce n’est certainement pas pour les raisons généralement invoquées. Je ne suis pas sûr que ce soit un bon film, mais le moins qu’on puisse dire c’est que peu de critiques n’ont ne serait-ce qu’essayé de comprendre de quoi ça parlait, sans parler de charité interprétative.

Faut dire que Steak est un film de Quentin Dupieux qui est ce qu’on appelle un chieur. Aussi connu sous le nom de Mr. Oizo, il était responsable de la musique et du visuel de la pub levis avec la peluche jaune qui secouait la tête au rythme de la musique. Tout le monde s’attendait à ce que l’album qui allait en suivre serait gorgé de beats frais et joyeux (en plus on était en pleine hystérie french touch), et en fait on a eu analog worm attack, album pas inintéressant mais ardu.

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Chivers !

Steak, c’est un peu ça. On a Eric et Ramzy qui font ce qu’on attend d’eux, et pourtant le film n’est pas une comédie. Ou pas que. Et le rire est presque toujours jaune. On a donc Ramzy, écolier martyr qui récupère un uzi après l’accident de voiture d’un militaire (est-ce un hommage à l’harmonium de Punch Drunk Love ?) et s’en va tuer ses bourreaux. Arrive le jovial Eric, à qui Ramzy donne l’arme, et qui va donc passer sa jeunesse à l’hôpital psychiatrique.

Quand il en sort, le monde a changé. Les gens aiment la chirurgie esthétique, tout le monde le fuit. Il est seul et même Ramzy l’a lâché. Faut dire qu’il essaie d’intégrer les Chivers, bande de décérébrés mené par Sebastian Akchoté le frère du guitarriste Noël et compagnon de label de Justice. Ils font des trucs étranges comme le jeu du bourreau (à chaque bonne réponse à un calcul mental, on prend un coup de batte dans le bide, fun), boire du lait.

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Ramzy, d’abord la peur, ensuite la séduction

Bref, il se passe des trucs (pas tant que ça) et ça termine mal, un peu comme dans des souris et des hommes.

Ce qui est étrange dans ce film, c’est l’ambiance extrêment poisseuse du film. On pense un peu au Gus Van Sant d’Elephant (bizarrement, le thème est assez proche) ou de Last Dayz. Il y a en plus des délires surréalistes, avec notamment une séquence d’enlèvement mettant en scène le fou Sébastien Tellier (sans sa vespa, pour ceux qui ont écouté Sessions), où une gamine se fait engueuler par sa mère d’avoir été séquestrée. Et au milieu, il y a Eric et Ramzy, en totale roue libre.

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Eric et Ramzy, pris en flagrant délit de flingage de carrière

Mélange de The brown bunny et de la sixième compagnie, Steak est un film méditatif, violent, et parfois méchamment drôle, collision de deux imaginaires régressifs, entre l’humour enfantin d’Eric et Ramzy, et les délires versaillais de Quentin Dupieux (tous ces blousons à la Happy days font qu’on se croirait dans un clip de Phoenix). Une expérience limite qui rappelle sous de nombreux aspect l’atomik circus des frères Poiraud, et montre que Thomas Langmann, après Blueberry est passé dans l’art de produire des films chers susceptibles de ne trouver aucun public si ce n’est parmi les pervers. Une bonne raison d’attendre Asterix 3 ?

En fait, plus j’y pense, et plus je me dis que j’ai aimé ce film qui aura moins eu le mérite de faire chier des collégiens, et peut-être leur a gâché leur fête du ciné.

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