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Chasse au rat

Par Valenbontein , le dimanche 5 février 2006.

Toute forme de vie doit elle être respectée ? La Ravouille ne sait plus trop... Sa morale, forgée au contact des grands sages de l’Orient, lui souffle que oui ; mais son instinct, toujours rebelle, lui crie que non.

Nous sommes hier. La Ravouille, qui rentre chez lui, veut prendre une Corona bien fraîche dans le frigo. Il l’a bien méritée : aujourd’hui, il a bossé comme une bête, de l’aube au crépuscule - le dessous de ses bras, avec ses deux auréoles encore tièdes, en témoigne au demeurant. Déjà il rêve aux bulles fines qui, dans quelques secondes, vont couler dans le fond de sa gorge. Puis au fauteuil moelleux qui l’attend, dans le salon. Puis au disque de Billie Holliday qu’il va rentrer dans sa platine, et au saxophone de Lester Young qui va se mettre à chanter.

Arrivé dans la cuisine, tout bascule. Un gros rat, la queue luisante, les dents aiguisées, le regarde méchamment. La Ravouille laisse échapper un cri puissant. “Valgame dios !” peuvent entendre tous les voisins du quartier, à 500 mètres à la ronde. Le rat ne bouge pas. Ses poils sont hérissés. La Ravouille sent le sang lui monter aux tempes : n’écoutant que son courage, il quitte la cuisine en courant et part chercher de l’aide auprès de ses colocataires.

Alertés par le remue ménage, ces derniers débarquent bientôt. Dans la cuisine, c’est le branle-bas de combat. Zeus, Zulema et Amandine (les colocs de la Ravouille) tiennent conseil de guerre. “Prends un balai !” lui conseille l’un de ses généraux. “Vas-y, n’aie pas peur, quand c’est comme ça, il faut cogner”, assure un autre. La Ravouille s’exécute. Le rat, en face, ne veut plus bouger. Figé sur ses quatre pattes, il les regarde, plein de dédain.

Va-t-il partir ? Va-t-il rester ? A l’aide de son manche, La Ravouille commence à taper, de-ci de-là. Il faut agir. Terrorisée, le bête se met à hurler, mais on dirait qu’elle crache. La Ravouille, surpris, suspend sa bastonnade. C’était une ruse... Le rat, ni une ni deux, part se cacher sous un tas de casseroles. La Ravouille soulève les casseroles ; le rat court se glisser derrière une pile d’assiettes (sales). La Ravouille pousse les assiettes ; le rat sort de sa cachette, et vient lui mordre l’orteil gauche. La Ravouille pousse un cri (de nouveau) puis sent sa vessie qui se relâche. Bientôt, de l’urine chaude coule le long de ses jambes. La bête va-t-elle gagner ?

La Ravouille sent un frisson l’envahir.Allez, allez !”, l’encouragent ses généraux, qui néanmoins restent derrière. “Vas-y, il faut agir ! C’est l’instinct de survie, c’est le destin du règne animal !”, lui crie sa conscience. La Ravouille ne peut plus reculer. Il redouble d’ardeur. Il ferme les yeux, il serre les dents : Montjoie, Saint Denis, la bête court dans tous les sens. Alors il tape, il tape, comme un beau diable. Il tape, à l’aveuglette. Il l’a, ce coup-ci, il le sait. Il sent sa chair, contre son manche. Il tape encore. La bête hurle. C’est pire, il faut bien qu’elle se taise. Il frappe, il frappe, il frappe. Enfin, elle ne hurle plus.

Quelques minutes passent. La Ravouille rouvre les yeux : le rat, devant lui, nage dans une mare de sang. Il se sent mal. On appelle cela le remords, pense-t-il. Ses colocataires, derrière lui, veulent le réconforter. Il a bien fait, c’est sûr, il a bien fait. La Ravouille retourne au salon, pour s’installer dans le fauteuil moelleux. Il laisse le soin à ses généraux de nettoyer le champ de bataille. Pour le récompenser, on lui apporte sa Corona toute fraîche. Mais la Ravouille n’a plus soif. Le doute, à présent, a pris racine dans son esprit. A-t-il bien fait, vraiment ? Hein, a-t-il bien fait ?

ratmort
Le rat a bien resiste, avant de succomber

Apres, il a fallu tout nettoyer

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